Owell Brown : « Sex, Love & Money parle de nos désirs… et du prix qu’on leur donne »
Réalisateur-scénariste, Owel Brown signe Sex, Love & Money, un drame contemporain qui observe sans jugement la collision entre désir, pouvoir et argent. Un rôle central pour Olivier Kissita (Axel), une sortie annoncée sur TV d’Orange, et l’ambition claire d’atteindre le public des plateformes. Entretien.
« Je voulais un film qui parle vrai, sans manichéisme : on peut aimer sincèrement… et se perdre quand l’argent s’en mêle. »
« Je suis parti d’une intuition simple : toute décision a un coût »

Sandrine ELONO. — Comment naît Sex, Love & Money ?
Owel Brown — D’une intuition que je voyais partout autour de moi : nos choix intimes ont un coût. Parfois financier, parfois moral ou affectif. J’ai voulu raconter des trajectoires qui se croisent, où personne n’est totalement victime ni totalement coupable. La question n’est pas « qui a tort ? », mais jusqu’où est-on prêt à aller pour se sentir désiré, reconnu, protégé.
S.E — C’est un film sur la négociation permanente ?
O.B. — Exactement. On négocie avec soi-même : ses limites, ses ambitions, ses besoins. Le trio sexe–amour–argentcrée des tensions très humaines. Je ne juge pas mes personnages ; je les accompagne.
« Olivier Kissita s’est imposé pour Axel »
S.E — Pourquoi Olivier Kissita pour Axel ?
O.B. — Axel demande charme, intensité et fragilité. Olivier possède cette présence frontale à l’écran, mais aussi un regard intérieur qui laisse affleurer les fêlures. Il a trouvé le tempo du personnage : quelqu’un d’aimant, intelligent, aimanté par des forces qui le dépassent.
« Axel a besoin d’un acteur capable d’être séduisant… et dangereux pour lui-même. »
S.E — Et le reste du casting ?
O.B. — Je tenais à un casting panafricain et diasporique. Paris est un carrefour ; je voulais que l’écran ressemble à la ville. J’aime travailler avec des comédien·ne·s qui amènent leur vérité ; le scénario donne la ligne, l’acteur la vie.
Écriture & mise en scène : « proche des corps, loin du jugement »
S.E — Votre parti pris d’écriture ?
O.B. — Une écriture à hauteur de personnage. Peu d’explications, des situations. Les dialogues laissent place au non-dit. On avance par friction : une scène tendre peut basculer parce qu’un signe social — un sac, un resto, une note — vient rappeler la place de l’argent.
S.E — Et visuellement ?
O.B. — Une caméra proche des corps et des visages, un rythme organique. La lumière et la musique servent la tension émotionnelle, pas l’inverse. Je voulais que le spectateur respire au rythme d’Axel et des autres, qu’il s’attache puis s’inquiète avec eux.
Thèmes : désir, pouvoir, vulnérabilité
S.E — De quoi parle le film, au fond ?
O.B. — De la vulnérabilité qu’on cache. On croit maîtriser ses choix, mais les rapports de pouvoir (économiques, affectifs, symboliques) s’invitent partout. Sex, Love & Money questionne la valeur qu’on se donne et le prix qu’on accepte de payer pour être aimé, respecté, visible.
Diffusion : « TV d’Orange d’abord, puis un public le plus large possible »
S.E — Où et comment verra-t-on le film ?
O.B. — Le film arrive sur la TV d’Orange. Nous travaillons à une exploitation élargie, plateformes incluses — Netflix si possible. L’idée est simple : laisser le public choisir son écran. Ciné, TV, VOD, plateformes… la bonne histoire doit circuler.
« Le public doit pouvoir nous voir là où il vit déjà : chaînes, VOD, plateformes. »
Public visé & réception attendue
S.E — À qui s’adresse Sex, Love & Money ?
O.B. — À celles et ceux qui aiment les films de personnages : pas de thèse, de la vie. Et à la jeunesse africaine & diasporique qui veut se voir sans clichés, complexe, contradictoire, libre.
S.E — La phrase qu’on doit retenir ?
O.B. — Que l’amour nous rend courageux… mais que l’argent nous met à l’épreuve.
Regard sur l’écosystème : « raconter nos histoires, ici et maintenant »
S.E — Un mot sur le cinéma africain et diasporique aujourd’hui ?
O.B. — Il y a un appétit réel du public pour des récits ancrés, contemporains, urbains. Les talents sont là ; les passerelles se multiplient entre festivals, chaînes et plateformes. L’enjeu, c’est la circulation des œuvres et des modèles économiques qui respectent les auteurs tout en rencontrant le public.





