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Agnès Chauveau : « On a restauré toutes les archives du procès de Mandela »

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Directrice des contenus à INA France, Agnes Chauveau nous parle de la ligne éditoriale de cette institution et raconte la seconde vie des archives son du procès du leader sud-africain.

conference arte

Parlez-nous de la philosophie de l’INA dans la production des contenus…
Parmi les différentes exploitations qu’on fait à de multiples valorisations, on est producteur de forums. On produit des documentaires. C’est la raison de notre présence ici. On produit une vingtaine de documentaires par an. Le dernier c’est sur l’histoire du journal télévisé, par exemple, sur France 2 qui a été diffusé. On produit des programmes courts à vocation documentaires, des programmes de sept à huit minutes pour France Tv éducation. Ce sont des petits documentaires de sept à huit minutes sur les grandes dates qui ont fait l’histoire. Alors ça peut être l’assassinat de Kennedy, ça peut être Martin Luther King, bref c’est en relation avec les programmes scolaires. On produit aussi des programmes courts pour la chaîne info. France info tous les jours, on en produit trois par jour. On produit une émission hebdomadaire pour la chaîne parlementaire. C’est cette activité de producteur dans laquelle on valorise les archives qui expliquent la raison de notre présence ici.
Y a-t-il des projets que vous avez amenés ici ?
L’année dernière on n’était pas présent. Cette année on est présent à Pixi parce qu’on a restauré et numérisé les archives du procès Mandela qui étaient des archives sonores, qui étaient sur des disques qu’on appelle des dictabels et qui étaient plus lisibles aujourd’hui sur des appareils contemporains. Il fallait une machine spécifique et donc on a restauré toutes les archives du procès Mandela. On en a fait un documentaire qui est en co-production avec une maison qui s’appelle Rouge production sur l’histoire de ce procès. Et on a fait un spectacle holographique qui a été donné dans l’église Saint Postache à Paris dans les Halles où on voyait l’hologramme de Mandela, où on écoutait le son du procès. Il y avait un hologramme de Mandela et un hologramme du procureur aussi. Pour le Sunny side, on a projeté cet hologramme dans une petite boîte.
Les producteurs de documentaires africains qui ont leurs projets à vendre peuvent-ils se rapprocher de vous ? Quels sont vos critères de sélection ? Y a-t-il une ligne éditoriale précise ?
On a fait des documentaires sur des stars de l’Afrique. Nous, ce qu’on produit, c’est toujours avec plus ou moins des archives. C’est notre vocation sinon on n’a pas vocation à aller concurrencer sur le terrain les autres producteurs indépendants en France. Un producteur africain qui a un projet sur l’Afrique ou lié à l’Afrique et qui a besoin des archives coloniales par exemple, oui il peut se rapprocher de nous, pour une co-production par exemple. Mais il faut que cela soit un peu lié au fond d’archives que l’on détient. Mais ne pensez pas qu’on ne détient rien sur l’Afrique.
Et donc vous pouvez être ouverts aux producteurs et réalisateurs africains…

Et ce genre de proposition se passe comment ? Vous donnez de l’argent ou vous fournissez des images ?
Quand on rentre en co-production cela veut dire qu’on apporte en industrie une partie des archives. Jamais la totalité. Mais on apporte le manuscrit et une partie des archives et donc on parle de co-production. Puis on a aussi d’importants moyens techniques. On peut aussi apporter une partie des moyens techniques, une partie de la co-production. Par tradition, on a beaucoup d’expertise en matière de sons. On a des ingénieurs du son qui sont extrêmement recherchés tout le temps. On a fait une histoire du rock avec un producteur du rock au féminin ou des femmes rockeuses. C’est un film documentaire intitulé « Ô les filles » qui va être projeté du 03 au 05 juillet en France. Pour les sons et les archives, ils avaient besoin de quelques sons irréprochables. C’est un documentaire musical et pour faire un documentaire musical il faut une qualité sonore irréprochable. On a fait toute la post-production son. C’est un exemple de ce que l’on apporte en partie à l’industrie aussi car c’est ça le modèle.

vue partielle sunny side of the doc 2019

Vous ne communiquez pas dessus. Est-ce que c’est fait exprès ou vous restez dans un circuit très fermé ?
Non pas du tout. Encore une fois on fait des documentaires pour France Tv et pour tout le monde. On a un acteur qui vient ici depuis toujours, on va à Biarritz. On fait quarante co-productions par mois au minimum avec des producteurs indépendants. Donc 40 co-productions c’est important.
Pouvez-vous nous parler du volet formation ?
Je m’occupe de la direction qui produit, valorise et édite tous les contenus. C’est un centre de formation initiale c’est-à-dire il y a des BTS aux masters surtout pour les métiers de l’audiovisuel et du numérique. Là aussi il y a des BTS son, etc. Et tout ce qui est documentaire, c’est BTS, licence, master. Et puis on fait aussi beaucoup de formations continues c’est-à-dire pour les professionnels et là c’est la même chose où l’expertise est notre cœur de métier autour des métiers de l’audiovisuel et du numérique
Quelles sont les conditions d’accès ?
En formation professionnelle, il faut ouvrir un dossier et s’inscrire. En master il y a forcément une petite sélection sur dossier. En formation continue il n’y a pas de sélection. Vous préparez juste le dossier.
Est-ce qu’il y a un accompagnement spécifique par rapport à toutes ces filières ?
Il y a pas mal de formations à l’étranger et même en Afrique pour accompagner des télévisions, des radios dans le but de pouvoir former des animateurs et des producteurs. Mais ce type de formation est de plus en plus collectif.
Un catalogue en ligne pour les lecteurs ?
Oui il y a un catalogue notamment sur le site. Il y a des groupes qui viennent en France ou qui ont besoin qu’on vienne à l’étranger pour des formations sur-mesure. Ce qui veut dire que vous définissez le besoin et puis il y a une proposition de formation sur-mesure encore une fois dans les domaines des compétences soulignés.
Revenons sur le Sunny side . Quel bilan en faites-vous ?
C’est un salon professionnel et donc on a profité de l’occasion qui nous a permis de rencontrer tous les acteurs du moment comme les producteurs. C’est toujours intéressant de voir ce que font les autres et de travailler sur des co-productions et des projets. C’est aussi un salon important parce qu’il y a des diffuseurs. Vous avez vu le film sur Netflix qui a connu du succès. C’est intéressant ! On voit bien de plus en plus que les producteurs ont réalisé des mutations. Un vrai intérêt à vouloir produire pour des plateformes. C’est intéressant de voir aussi d’observer le métier, de voir comment l’écosystème se transforme. Pour ma part j’ai fait une conférence où j’ai souligné qu’on a une plateforme SVOD qui est une plateforme de l’audiovisuel public. Bref, au regard de son caractère- on va dire vieux-, il répond un peu aux besoins de la monotonie. Essayer de revenir sur un certain nombre de concepts, etc en gros c’est ce que j’étais venue présenter ici au Sunny side.
Parlant de digital, vous ne pensez pas que le digital pourrait devenir, à long terme, l’un des canaux classiques de diffusion?
On a dit que la télé allait tuer le cinéma, que la radio allait tuer la presse. Mais je crois que ce qu’on constate c’est qu’il y a une supposition des usages plutôt qu’un usage qui devient dominant. On disait aussi que les nouveaux médias vont tuer les anciens mais on voit qu’ils coexistent. Oui, probablement, il y a une mutation qui est en train de se faire. C’est sûr que le mode de consommation est de plus en plus numérisé. Pour autant je ne pense pas qu’il tue complètement le mode de diffusion linaire. C’est un peu facile de dire tout de suite que le numérique va tuer mais il peut le modifier. Mais de là à penser à un moment que les gens n’auront pas besoin de programmation, d’éditorialisation, de repère c’est pas aussi évident que ça même si ça challenge les supports classiques.

vue partielle sunny side of the doc 2019

Interviewée par Blaise Pascal TANGUY et Patricia GENDRON-KWENDE

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