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Benjamin Eyaga : « Je veux choquer pour conscientiser »

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Avec « Mes silences », le réalisateur camerounais est en compétition au Fespaco 2019 dans la catégorie «Fiction court métrage ». Le film a été diffusé hier au Ciné Burkina, à Ouagadougou.

« Mes silences » de Benjamin Eyaga crée une onde de choc chez les cinéphiles sensibles. Le réalisateur ne passe pas par quatre chemins pour décrire un mal. Le viol. Une réalité taboue, qui fait des femmes abusées, des zombies de la société. Elles s’emmurent dans le silence, de peur d’être condamnées.

Andela, personnage principal de « Mes silences », a connu ça. Elle a subi un viol collectif auquel a participé un prêtre. Benjamin Eyaga a fait le choix de montrer l’acte. Choquant, certes. Mais, suggérer ne correspond pas au tempérament du réalisateur.  Il faut montrer la laideur de l’acte pour interpeller les consciences.

La jeune femme, orpheline vivant avec une grand-mère pieuse et aimante, se tait après son viol au cours duquel elle conçoit d’un enfant qui ne naîtra jamais. Une grossesse extra-utérine de trois mois lui ôte la vie.

Moralité de l’histoire, le mal vient parfois de personnes insoupçonnables et dont les actes restent souvent impunis.

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Que ressentez-vous après la projection de votre film ici au Fespaco ?

Je ressens une immense joie, parce que jusqu’à présent, au Cameroun, je n’ai jamais vu un engouement pareil. Le film « Mes silences » a un parcours atypique. Je suis vraiment très flatté quand j’arrive au Burkina Faso et qu’une salle de près de 500 places est comble. Je n’ai pas les mots pour décrire ma joie. Je suis très heureux. Je profite de votre plate-forme pour dire merci aux personnes qui m’ont accompagné, qui m’ont tenu la main depuis le début de mon aventure dans le cinéma en 2006.

Dans quelles conditions le film « Mes silences » a-t-il été tourné ?

Le film a été tourné dans des conditions très difficiles, avec une caméra mineure et même pas le moindre travelling, simplement par manque de moyens. Plusieurs fois, nous avons manqué de quoi nourrir les comédiens.

Votre film traite du viol. Vous n’avez pas opté pour la suggestion. Les scènes se rapprochent du réel. Ce qui donne parfois un rendu assez violent. Pourquoi ce choix ?

Simplement parce que je me suis formé à un cinéma atypique qui essaie de faire ressentir ce qui est réel. Les viols sont réels. Lorsqu’on le dit dans le quotidien ou dans les médias, ce n’est pas avec la même force. Mais si vous voyez quelqu’un se faire tuer sous vos yeux, vous ne ressentez pas la même chose que quand on vous le dit. Je pense que le fait de le montrer de façon si ostentatoire est un choix que j’assume. C’était pour moi, la seule manière de toucher les gens.

Votre approche est donc de choquer pour conscientiser ?

Pour dire vrai, je veux choquer pour conscientiser, parce que le viol est quelque chose de très grave. Plusieurs jeunes filles abusées sexuellement n’osent jamais parler parce qu’elles se disent “chaque fois que je vais en parler, les gens me verront comme une souillure. Donc, je n’ai plus de dignité“. Pourtant, quand elles parlent, cela nous permet de mettre hors d’état de nuire, ces bourreaux, ces agresseurs sexuels.

Pourquoi avoir choisi un prêtre comme bourreau d’Andela, le personnage principal de votre film ?

Simplement parce qu’avec une personne ordinaire, on pourrait trouver des excuses en questionnant son environnement immédiat, son enfance, son éducation, ses gènes, etc. Or, le prêtre est une autorité morale. Il est donc à l’opposé du mal. C’est la raison pour laquelle j’ai fait le choix du prélat, pour dire aux gens de ne pas se fier aux apparences et qu’on a tous un côté bon et un côté mauvais.

Votre film est en compétition dans la catégorie « Fiction court métrage » au Fespaco 2019. Quelles sont vos chances de gagner ?

J’ai fait plusieurs festivals, et à chaque fois les jurys ont des façons différentes d’apprécier. Les films que j’ai vus jusqu’ici sont de très bonne facture. Les chances sont certes élevées, mais le meilleur gagnera.

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