Brice Numkam, scénariste et réalisateur
Réalisateur, scénariste, spécialiste des effets spéciaux numériques, il est diplômé de droit de l’université de Dschang dans l’Ouest du Cameroun. Il vole pour le Canada où il déroche, en 2012, son attestation de réalisation cinéma de cinecours. Jeune et émoulu de connaissance, Brice Oliver Numkam Kamga écrit et réalise « Mysterious Encounter » en 2012, « le Colis 1 » puis « le Colis 2 » qui obtiendra le prix de la meilleure interprétation féminine au festival écrans noirs en 2015 et tout récemment « peau de panthère »…
« Par le film « peau de panthère », nous voulons apprendre aux jeunes que le bonheur se trouve au bout de l’effort »
Peau de panthère raconte le laborieux parcours d’un prétendant au trône royal dans un royaume appelé « Ngraphi ». D’où vous est venue l’idée d’une telle thématique ?
Au regard d’une société décadente où l’espoir d’accomplir de grandes œuvres a disparu chez les jeunes et où on a cessé de vivre pour survivre, il nous a semblé juste de rappeler à cette dernière que rien n’est joué d’avance et qu’au bout d’efforts ardus le bonheur nous attend. Nous relatons le laborieux parcours d’un prétendant au trône royal dans une partie de l’Afrique. C’est la philosophie qui se dresse derrière le film : personne ne peut arrêter la course du soleil, il suffit de croire et de se donner les moyens. Est-ce que le héros va comprendre toute la portée de cette vérité ? Réponse dans Peau de Panthère !
Vous pouvez donc imaginez que donner vie à un tel projet n’est pas du tout évident. En tant que production indépendante nous avons rencontré d’énormes difficultés comme toutes les productions indépendantes, budgets réduits, logistique, régie, forces majeures… parfois des problèmes techniques. Les efforts consentis de chaque membre de l’équipe nous ont permis de fournir une œuvre de qualité à mon sens, même si le dernier mot revient au public.
En regardant les effets spéciaux présentés dans la bande annonce, dans quel courant artistique peut-on classer ce film. Serait-ce du fantastique ou du surnaturel ?
S’il fallait catégoriser le film il s’agirait d’un savant mélange entre aventure-fantastique et de par son univers onirique fantasy. Un genre comme vous vous en doutez pas très courant mais que j’espère, marquera les esprits pendant des années ! Mais c’est au public de décider, seul juge.
La façon de filmer les acteurs met bien en valeur l’expressivité des visages, comment avez vous pensé les prises de vue ?
Un travail minutieux a été fait dès le découpage technique du réalisateur et avec le directeur photo. Le but était de parvenir à connecter émotionnellement le public aux protagonistes et à l’histoire. Sans vouloir dévoiler les différentes techniques de prise de vue, nous avons mis un accent sur les gros plans qui traduisent à suffisance l’expression du visage des acteurs. Maintenant, reste à savoir si nous atteindront notre objectif de créer de l’intimité entre les acteurs et les téléspectateurs.
Le décor a aussi un rôle dans la mise en valeur des acteurs ?
Tout à fait. Le décor a joué un rôle capital dans l’histoire mais aussi avec les protagonistes. Il a fallu faire beaucoup de recherches pour pouvoir reproduire pratiquement au millimètre près les pièces réelles des chefferies dans lesquelles les personnages allaient évoluer, allant de la décoration partielle à la recréation complète de A à Z ceci en fonction des besoins de l’histoire. En effet, Il serait tout à fait burlesque d’entendre le héros dire qu’il est dans la salle royale et qu’a l’image rien ne montre le caractère royal de la pièce dans laquelle il se trouve.
Un mot sur la musique ?
La musique a été composée en deux tons : folklorique avec sonorités locales et un soupçon de musique philharmonique digitale si l’on peut se permettre l’expression. Je fais d’ailleurs un clin d’œil à Carole Kayim.
A un niveau purement budgétaire, que représente la participation des acteurs ?
La participation des acteurs sur le plan de leurs cachets respectifs représente environ 40% du budget global de la production. Il ne faudrait pas perdre de vue que l’hébergement, la nutrition, le transport, les costumes…etc. ne vaudraient rien sans les acteurs. Vue sous cet angle il nous semble anormal de les dissocier. Ils étaient d’ailleurs très enthousiastes par rapport au projet. Durant les séances de répétitions chacun (les acteurs) y a mis une touche particulière pour apporter de la profondeur mais surtout renforcer la tridimensionnalité de leurs personnages respectifs, ils étaient les meilleurs avocats de leur alter-ego à l’image si je puis me permettre. La preuve est le…film en lui-même !
Le film a-t-il eu une vie en festival ? Le travail avec les comédiens a t-il été salué ?
Il est un peu tôt pour se prononcer, après tout il vient à peine de voir le jour, cependant nous espérons que le public d’ici ou d’ailleurs le découvre dans les différents festivals.
Maintenant on parle de « Peau de panthère » et après ? C’est quoi la suite de votre carrière ?
Tout dépendra de l’accueil de Peau de Panthère par le public et son comportement sur le marché. Pourquoi pas Peau de Panthère 2 ou 3 ? Mais honnêtement nous sommes en train de plancher sur une série tv (sur la tradition aussi)
En guise de conclusion, est-ce que vous pouvez expliquer ce que travailler pour ce film vous a apporté en termes d’expérience ?
Peau de Panthère a été une expérience enrichissante tant durant la pré-production, la production et la postproduction : au niveau des relations humaines en ce sens qu’il nous a permis de côtoyer une foultitude de personnes particulièrement les aînés dont les rencontres ne pouvaient être que bénéfiques entre autres conseils, encouragements …sur le plan culturel parce que le projet nous a fait apprécier la culture des Grass Fields, les us et coutumes parmi les plus riches d’Afrique parce que le film rend en partie hommage à ces comportements et traditions que la jeunesse actuelle semble oublier au profit de la culture étrangère et enfin la notion du vivre ensemble.
Entretien mené par Michèle Ntédé