Fespaco 2014: La Sirene de Faso fait sensation dans la catégorie documentaire
Le film produit par le jeune réalisateur burkinabè, Kiswendsida Michel Zongo a été projetée au Conseil burkinabè des Chargeurs, le lundi 2 mars 2015. Pour une première sortie, le film a fait forte sensation. De l’avis de certains professionnels et de certains spectateurs, le film est bien parti pour arracher un prix.
Faso Fani était le projet d’une Nation et un signal fort d’indépendance. Un magnifique pari qui fit vite ses preuves. Les pagnes étaient de grandes valeurs et leur réputation dépassa largement les frontières du Burkina. Une fierté pour toute la ville de Koudougou. Mais en 2001, suite à plusieurs plans de restructuration imposés par le FMI et la Banque mondiale, des centaines d’employés se sont brutalement retrouvés au chômage. Plus de 10 ans après, Kiswendsida Michel Zongo part à la rencontre des ex-employés de Faso Fani pour révéler les conséquences désastreuses d’une politique économique mondiale aveugle des réalités locales, notamment celle de Koudougou. Sur la trace des ex-travailleurs de Faso Fani, le jeune réalisateur croise le chemin des tisseuses qui perpétuent obstinément la fabrication artisanale des pagnes. De ces rencontres, ex-travailleurs, tisseuses et le jeune réalisateur rêvent de voir renaître la filière coton dans la ville de Koudougou partant sur l’ensemble du Burkina. Dans un humour noir, les ex-travailleurs dépeignent les conditions dans lesquelles ils vivent. A travers des témoignages Kiswendsida Michel Zongo, jour et nuit s’est plongé dans l’intimité des ex-travailleurs. Pour le réalisateur, il ne s’agit pas de donner un quelconque espoir, mais les réhabiliter, de leur donner une dignité, un visage et de leur donner une voix, car selon lui, ce sont des personnes qui ont été brimés dans leur droit et qui ont subi une injustice criarde. « Mon idée ce n’était pas de les donner un espoir, parce que je pense que l’usine même si elle les reprend, c’est fini, ils ne peuvent plus retravailler parce qu’il y a le poids de l’âge qui est là. Mais, il faut reconnaître que ces personnes sont de vrais combattants, car ils se sont battus pour l’usine, pour la fierté du Burkina », a expliqué Kiswendsida Michel Zongo. Le film, à en croire le jeune réalisateur, caresse un peu les années de la Révolution, où Thomas Sankara avait réussi à redonner au Burkina cette dignité et cette fierté à consommer ce dont il a besoin et à produire ce dont il veut consommer. La question de Faso Fani doit être remise au goût du jour, de l’avis de Kiswendsida Michel Zongo. A propos de Faso Fani, il pense qu’il n’y a aucun problème pour le remettre en marche. « C’est une question de volonté politique, l’expertise est là, c’est-à-dire qu’on a toujours ces vieux combattants qui peuvent bien former les jeunes pour aller travailler à l’usine, il y a toujours les installations que l’on peut réhabiliter. Il y a aussi que le Burkina est le premier pays producteur de coton et il y a la commande nationale et sous-régionale ». Pour sûr, la maîtrise, la qualité dont le réalisateur a fait montre conjuguée au sous-titrage du film, propulse le film en bonne position pour décrocher un yennenga à cette 24e édition du FESPACO.