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Joël Karekezi : « Je pense qu’on peut faire un bon cinéma même sans moyens »

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Le réalisateur rwandais, lauréat de l’Etalon d’or de Yennenga au Fespaco 2019, revient sur son parcours, sur son récent sacre au Burkina Faso et parle de l’avenir du cinéma africain.

Rwanda’s film Director Joel Karekezi

Pouvez-vous vous présenter à nos internautes ?

Je m’appelle Joël Karekezi. Je suis réalisateur rwandais. Je suis ici à Cannes pour présenter mon film intitulé « La miséricorde de la jungle », Etalon d’or de Yennenga au Fespaco 2019. Je suis venu soutenir le Pavillon des cinémas d’Afrique. C’est un honneur de travailler comme africain, mais aussi de se soutenir dans nos projets, mais aussi parler de l’Afrique, de comment va le cinéma sur le continent.

Comment en êtes-vous arrivé à l’Etalon d’or de Yennenga ?  

Avant de devenir cinéaste, j’étudiais la biologie et la chimie à l’université mais, je n’aimais pas beaucoup. C’était très théorique. Un jour, j’ai découvert une école en ligne où je pouvais apprendre la réalisation du cinéma. Je l’ai fait. J’ai également suivi une formation d’écriture de scénario. J’ai réalisé mon premier court-métrage en 2009. Je l’ai ensuite développé en long métrage, produit par moi-même. Il est sorti en 2013. Ce film a été sélectionné au Fespaco 2013 dans la catégorie Panorama. Il a également voyagé dans de nombreux festivals en Afrique comme en Europe et en Amérique. Mais, j’avais envie de faire un film avec un budget, pour résumer  la vision en moi. C’est ainsi que j’ai écrit « La miséricorde de la jungle ».  J’ai trouvé un producteur en 2016. Ensemble, on a essayé de trouver des financements et le film a été tourné en 2017 et est sorti en 2018 à Toronto. Quand il a été sélectionné au Fespaco, j’ai reçu cela comme quelque chose de grandiose. Et le fait de gagner l’Etalon d’or de Yennenga, c’est vraiment merveilleux. En même temps, je ne fais des films en pensant aux prix. Mais, j’en fais qui me parlent. Les prix, ce sont des soutiens pour ma vision, des encouragements. Mon but c’est de continuer à travailler.

Qu’est-ce que ça fait de gagner l’Etalon d’or de Yennenga ?

C’est quelque chose de grand. L’Etalon d’or de Yennenga permet au film de voyager. Tout le monde en parle. Pour moi, c’est nécessaire qu’il soit vu. C’est super. D’un autre côté, j’ai toujours mes ambitions. Je ne dirais pas que c’est pesant sur moi. Je suis toujours le même, je n’ai pas changé. Je continue à chercher en moi ce qui me parle. Je continue d’essayer de raconter des histoires qui me touchent. Je n’ai pas envie de me forcer à faire plaisir à tout le monde. Je me fais d’abord plaisir et puis je raconte mes histoires. L’Etalon de Yennenga ouvre beaucoup de portes que ce soit pour mon cinéma ou pour ma génération, que ce soit au Rwanda ou dans l’Afrique de l’Est. C’est une grosse responsabilité. J’ai l’obligation de continuer à travailler

Que pensez-vous de l’industrie du cinéma africain ?

Le monde évolue à  une grande vitesse. Et nous aussi, on doit s’adapter pour relever notre cinéma. Nous devons travailler pour la distribution. Nous devons nous positionner en force sur le marché avec des idées et des productions cinématographiques à la hauteur. J’ai envie de continuer à explorer, parce qu’il est nécessaire de régénérer financièrement l’industrie du cinéma africain.

Comment appréciez-vous l’apport du digital dans le cinéma africain ?

Le digital ouvre beaucoup de portes. Ça permet aux jeunes de raconter des histoires, mais il faut toujours faire attention à la qualité. Il y a des gens qui s’auto-produisent et font des films de très bonne qualité et d’autres qui le font pour un résultat très moyen. Ce qui n’est pas bien pour l’image du cinéma africain. Je pense qu’on doit tirer avantage du digital à notre portée pour bien raconter nos histoires. Il faut que nos gouvernements appuient le cinéma africain. Si on n’a pas de moyens on fait de mauvais films et on raconte mal nos histoires. Le public doit également faire l’effort de regarder les films africains. C’est un ensemble qui devrait faire avancer notre cinéma. Ce qui est bien c’est qu’on continue à raconter nos histoires, et ça fait du bien.

Un conseil à donner aux  jeunes cinéastes africains qui voudraient développer une carrière comme la vôtre ?

J’ai auto-produit mon premier long métrage avec un petit budget. Mais j’avais mis en place une équipe constituée de quelques amis. On a partagé des expériences ensemble. On a voyagé ensemble pour raconter cette histoire. Je pense qu’on peut faire un bon cinéma même sans moyens. Mais, il faut faire beaucoup de recherches, s’entourer d’une bonne équipe, être prêt à souffrir, parce que ça prend du temps. Il faut mettre en place une stratégie spécifique à chaque projet. Tu as un projet, une histoire à raconter, oui, va-y. Mais il faut faire attention à bien la raconter. Dans le cas contraire, personne ne va voir ton film et ton histoire va se perdre.

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