Khadidiatou Sow: Un scenario est une création qui peut avoir une longue gestation
Tendances People Mag : Tout d’abord, qui es-tu ?
Khadidiatou Sow : Je suis Khadidiatou Sow, sénégalaise, j’ai fait des études aux Beaux-Arts de Dakar, j’ai entamé une carrière de peintre, puis je me suis tournée vers le cinéma.
TPM : tu es aujourd’hui une des femmes cinéastes les plus citées du continent. Qu’est-ce qui t’amène au cinéma ? Pourquoi le cinéma et pas autre chose ?
KS : Le cinéma n’est qu’un langage, je considère être une créatrice qui s’exprime à travers différents media. J’ai toujours aimé les images !
TPM : Parle-nous de « Une place dans l’avion » : qu’est-ce qui motive la création de ce film ? ( c’est quoi le discours derrière cette belle et comique histoire?)
KS : Je voulais parler de l’émigration d’une autre manière…en effet l’émigration devient dramatique au moment du départ, mais les motivations de ces départs sont quelques fois des histoires banales, non réfléchies, elles sont liées à des conversations entre jeunes, à des rêves de vie aventureuse, à des mythes de bien-être. Je voulais souligner ce côté rêve. Parfois la banalité. Je pensais que raconter une de manière drôle pouvait mieux faire passer le message.
TPM : Quelles ont été les conditions de production ? Quand on sait que faire un film en Afrique relève du parcours du combattant. (Financement, déploiement technique…)
KS : Un scenario est une création qui peut avoir une longue gestation, d’abord pour l’écriture, puis pour le montage financier, et enfin pour avoir des bons moyens techniques. Il faut être patient, essayer d’être cohérent et franchir toutes les étapes.
TPM : le film connait beaucoup de succès, il est notamment salué par la critique. T’attendais-tu à cet accueil, tant du public que des professionnels ?
KS : Évidemment on ne peut jamais être sûr. Mais je savais que nous avions fait, avec la production et tous les collaborateurs, un bon travail. Et je suis très contente de la réussite.
TPM : Cinéaste et femme en Afrique, comment vit-on cela ?
KS : Un combat quotidien, un défi. Mais nous avons toute l’énergie et la créativité pour l’affronter.
TPM : que penses-tu du cinéma en Afrique ?
KS : Tout le bien possible ! Je crois que toutes les difficultés que nous pouvons avoir ne font qu’éveiller nos sens, il y a une grande inventivité et beaucoup de potentiel.
TPM : La formation et les financements de films, qu’en penses-tu ? Que proposerais-tu comme pistes de solution ?
KS : C’est un sujet complexe. La formation est très importante, elle peut éclaircir les motivations, mettre en valeur des qualités, aussi révéler des défauts. La Cinématographie, les ONG, les institutions culturelles et les coopérations peuvent faire beaucoup dans ce sens. En suite personne ne peut penser à une réalisation sans un montage financier qui passe à travers des aides, publiques ou privées. La montée des maisons de productions africaines est très importante pour une professionnalisation du métier. L’état ne peut pas tout faire, il ne faut pas revenir aux artistes assistés, dynamique qui avait beaucoup nuit au développement des arts plastiques à l’époque de Senghor
TPM : quels sont tes projets après ce film ?
KS : Je continue à écrire, je participe à des ateliers d’écriture, j’ai plusieurs idées de scenario que je dois concrétiser. En même temps je travaille comme costumière sur d’autres productions, et je voudrais revenir à la peinture pour participer à une exposition pendant la Biennale prochaine (mai 2018)
TPM : un dernier mot pour les lecteurs de Tendance People Mag ?
KS : Oui, suivez le cinéma, sortez pour voir les films, il y a plein de jeunes qui travaillent et qui comptent sur le regard du public, sur votre regard. Ne restez pas passifs assis devant vos écrans !!!
TPM : Merci encore et bonne chance pour la suite.
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