Le « Ndop » camerounais a-t-il été désacralisé ?
La marque Hermès a lancé, cette année, une collection inspirée du tissu traditionnel camerounais des peuples de l’Ouest du Cameroun, le Ndop. Si celui-ci s’affiche dans la vie courante des rues des villes camerounaises et au-delà, il reste un patrimoine culturel qui, normalement, n’est pas à la portée de tous.
Le Ndop est considéré comme un tissu sacré. Cette particularité fait en sorte que, lors des grandes cérémonies traditionnelles, seuls ceux qui en ont hérité ou reçu une initiation ont le droit de le porter.
Les premiers spécimens du Ndop seraient apparus entre le 15ème et le 17ème siècle. A cette période, on utilisait déjà un tissu du même type. Mais c’est à partir du 18esiecle, que l’on voit apparaître de véritables tissus de Ndop. Il est obtenu par assemblage de plusieurs étoffes de coton cousu bord à bord sur une toile bleu. Avec des symboles représentant des figures géométriques ou d’animaux. Lesquels sont porteurs de messages de paix, de fécondité et de prospérité. On le retrouve certes en pays Bamiléké, mais aussi dans les régions environnantes. C’est la raison pour laquelle, on peut observer des différences au niveau : des couleurs, des teintes, du type de coton, de la sur-couture avec le raphia, des motifs et des symboles. Ce qui fait que dans chaque musé de chefferie (Baham, Bandjoun, etc), on conserve jalousement ce tissu comme témoin de l’histoire de chaque peuple.
Le Ndop n’est pas un tissu pour monsieur tout le monde. Car depuis des générations, son usage n’est réservé exclusivement que pour les familles royales, les notables et les sociétés secrètes. Pourquoi ? Parce que ceux-ci sont considérés comme les gardiens de la tradition et qu’il se pourrait que, quiconque porte un vêtement à base du Ndop soit accompagné par l’esprit des ancêtres. Et celui qui porte sans s’en être digne, pourrait être frappé par les esprits, d’où le caractère mystique de ce tissu. Raison pour laquelle, sa transmission se fait de génération en génération, ou à la suite de certains rites initiatiques.
Tous ces interdits sont pourtant battus en brèche par les créateurs camerounais et étrangers. Le Ndop a été adopté par monsieur tout le monde. Du coup, on le voit dans les clips, sur les podiums, dans les salles de séjour, les voitures, les showrooms…En somme, il est partout.