« Les Bobodiouf », famille de ouf!
Je me suis récemment replongé dans les aventures comiques de la série burkinabé « Les Bobodiouf ». J’ai dévoré inlassablement des dizaines d’épisodes de cette production du début des années 2000. Renouer avec tous ces acteurs loufoques, sans filtres ou faussement modestes m’a fait rire à gorge déployée. Avec un peu de recul, j’ai réalisé que le succès des « Bobodiouf » n’avait rien d’anodin. La série avait débarqué sur les écrans lors de l’avènement des chaînes du câble. L’effet de fascination et l’abondance de l’offre de contenus auraient pu desservir la troupe. Mais, fort heureusement, les telenovelas n’avaient pas encore pris la tête de nos sœurs.
L’on découvrait alors ces acteurs à l’accent typé et au tempérament de feu pour certains. Ce côté râleur et bagarreur a été la marque de fabrique des personnages comme Tonton Brama, Tanti Abi, Maï ou encore Oumou. A côté, les plus pondérés se faisaient marcher sur les pieds, tandis que les plus « idiots » se faisaient toujours avoir par les filous. Cet équilibre entre les personnages avait de quoi soufflé le chaud et le froid mais toujours avec humour.
Les histoires réunissaient tous les archétypes des réalités africaines, où on s’aime à l’instant pour se bagarrer la seconde d’après, où des femmes dépensent leur argent à acheter toute sorte de talisman chez un marabout, où le plus riche de la famille doit nourrir tout son village, où l’on noie ses soucis dans les boissons alcoolisées traditionnelles, où l’on rêve de grandeur sans travail, etc.
Des personnages bien plus naïfs que sympathiques, comme Siriki et Souké, ont tant et tant de fois essayé (parfois de manière illégale) de s’en sortir. Mais, pour ces deux charlots, ça a toujours un retour à la case départ, un peu à l’image de ces jeunes des quartiers africains en quête permanente d’un rempart.
Ainsi, « Les Bobodiouf » décrivent sans gravité (quelquefois de manière caricaturale) le quotidien des familles ordinaires. Mais, au-delà de la trame, il y a l’authenticité des acteurs. Ceux-ci ne singent pas les modèles servis comme référence par les médias. Tout ce qui émane d’eux revendique leur appartenance à partager aux autres cultures du monde entier, par le rire. Après l’arrêt de la série, on continue de la consommer avec le même plaisir et à se demander ce que sont devenus les acteurs de cette saga familiale typiquement africaine. Certains sont morts (tonton Brama, tanti Abi et tonton Drissa). Les autres, moins en vue aujourd’hui, ont poursuivi des carrières sans véritable gloire, en essayant de se défaire des personnages qui leur collent encore à la peau et dont ils seront peut-être étiquetés toute leur vie.
Le public affichera certainement un sourire nostalgique en voyant le duo Siriki et Souké dans le prochain film du Camerounais Thierry Ntamack intitulé, « Le serpent de bronze », dont la sortie est prévue pour août 2018.