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Mael Smail Akdim : « L’Afrique c’est l’avenir »

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Son père le rêvait scientifique. Lui, ne se voyait pas autrement que créateur de mode. Un conflit en a découlé, après des études d’économie effectuées sans conviction. Sa passion l’a emporté sur le chemin tout tracé par ses parents. Mais aujourd’hui, sa famille est particulièrement fière de lui. Le designer canadien est l’un des meilleurs ambassadeurs du Maroc, son pays d’origine, dans l’univers de la mode à l’échelle internationale. Mael Smail Akdim a récemment reçu le Prix du meilleur International designer de vêtements pour femmes. Une distinction décernée lors du gala de l’African fashion week de Toronto (Canada), tenu du 30 août au 02 septembre 2018. L’occasion pour tendancespeoplemag.com de revenir sur son parcours.

Dans un entretien exclusif, il parle de ses inspirations, de ses influences, de ses doutes,  de ses aspirations, de ses ambitions, mais pose aussi un regard sur la mode africaine.AKDIM 6

Qui est Smail Akdim?

Je suis Smail Akdim, designer  originaire du Maroc,  né à Rabat, ville pleine d’histoire, de culture, de tradition, qui a vu le passage de beaucoup de  civilisations à travers le temps. Cela a touché  mon sens  artistique et m’a appris a respecté l’artisanat marocain, notamment les broderies des caftans, les tissages des tapis ou les tannages de cuir et maroquinerie … C’est  un univers  plein de matière de couleur, d’odeur  et de forme. Ma famille, qui est tradi-moderne, a un ancrage scientifique par mon père et mes frères, et artistique par ma mère. Tout cela a fait de moi un enfant passionné du travail fait main.

Parlant des études, je suis diplômé d’économie, mais aussi en mode (ITAC), option stylisme et modélisme. J’ai ensuite effectué plusieurs formations et connu diverses expériences de travail pour des industriels et des ateliers à travers le Maroc et l’Europe. J’ai ainsi pu perfectionner mon art et maîtriser les connaissances techniques de la haute-couture, de la création de textiles et de la broderie fait-main. J’ai ensuite exploré plusieurs aspects du design, de la mode, ajoutant autant de cordes à mon arc, pour devenir consultant en soins d’image et relooking, directeur artistique et créateur de costumes pour le cinéma. Mon travail cherche toujours à concilier la modernité occidentale aux traditions orientales, pour rendre hommage aux anciennes broderies et aux couleurs baroques.

A quel moment est-ce que vous réalisez votre attirance pour la mode ? 

Je dessinais des croquis de mode depuis  mon enfance sans  savoir  pourquoi. A 18 ans, j’ai commencé une carrière de mannequin model couture homme. Cela m’a permis de  toucher la production du fashion show  d’un autre angle. Je suivais beaucoup de défilés et de fashion week dans le monde. J’étais très attiré par la grâce des femmes qui portaient des robes qui trainent, notamment  le caftan marocain. Je le trouvais sublime et ultra féminin. Ma mère était l’exemple pour moi. Elle était toujours élégante et belle dans ses robes, et je l’assistais quand elle se préparait pour se rendre à des mariages et cérémonies auxquels elle était invitée. Ces moments-là  étaient le pur bonheur. Sinon, j’étais très influencé par les robes et la mode des années 60 qui  me plaisaient beaucoup.  Je regardais beaucoup de  films arabes et français en noir sur blanc, qui marquaient une époque d’élégance, de chic et de raffinement.smail 1

Avez eu des doutes dès le moment où vous avez su que c’est dans la mode que vous feriez carrière?

Je suis rentré dans le domaine sans le choisir, c’est lui qui m’a choisi. J’ai  fait des études en économie  pour réaliser le souhait de mon père. Après, on a trouvé que j’ai un talent brut à tailler et travailler pour devenir ce que je suis ce jour. J’ai étudié dans des écoles de mode  et j’ai pris la décision de faire carrière,  car c’est mon univers… Mon souhait était de vivre en ça, de ça et avec ça.

Avez-vous rencontré des oppositions de votre famille, de vos amis…au moment où vous essayiez encore de vous trouver?

Mon père refusait  ce choix pour le stylisme-modélisme. Pour lui, c’était un hobby, et pas un travail. Il me voyait scientifique comme lui et mes frères. Et moi, je refusais malgré mes bonnes notes, car je ne suis pas fait pour trouver des solutions chimiques, physiques ou scientifiques.

Mais, comme  j’étais obéissant, j’ai choisi l’économie. Après deux années, j’ai changé d’orientation et me suis inscrit en filière mode. Ça ne lui a pas plu. J’ai dû quitter la maison pour  trouver mes tissus, mes broderies mes artisans, mes brodeuses, mon univers simple colorié et  fleuri.

Avant la mort de mon père en 2011, il m’a dit qu’il était fier de moi, heureux pour moi, car je  lui ai prouvé que je peux compter sur moi-même. Il m’a dit qu’il était heureux que son fils honore le nom AKDIM, en tant qu’ambassadeur de la mode marocaine. Mon père regardait tous mes défilés et toutes mes interviews à la télé en cachette… Il m’a même montré les journaux et magazines où j’apparaissais. Il les cachait.  Que  Dieu ait son âme.

Y a-t-il eu un événement qui vous a convaincu que vous aviez fait le bon choix de carrière?

Oui, le jour  que où j’ai été choisi parmi 3600 designers   au Maroc pour représenter  mon pays  au Liban, à l’émission de télé-réalité Mission Fashion 2006, devant le grand couturier Elie Saab. J’ai eu la chance  de voir la mode différemment. J’ai été très honoré et félicité après mon retour au Maroc par beaucoup de fans et de gens importants.smail 3

Quelles sont vos influences? Vos inspirations?

L’artisanat d’abord ! Le travail fait-main, la broderie et le perlage, les ramages de couleurs,  les formes classiques… Mes inspirations renvoient directement à l’histoire du costume, aux cultures des tissus asiatiques, orientales et africaine ; à la broderie,  au savoir-faire marocain et à une bonne coupe de tailleur et de robe à la parisienne.

Quelle est l’étape que vous préférez dans le processus de création?

Le moment de mon inspiration de création de dessin, qui obéit au choix des matières et tissus non coupés. Le rêve commence-là. Ce sont des moments bruts sans coupe, sans couture. C’est juste le rêve en écoutant la musique  qui va  avec la robe. Oui, je travaille toujours une création en choisissant son ambiance musicale.

Quel est le but suprême de votre vie professionnelle? 

Participer  au mot élégance et  de laisser les générations parler de mon travail et de mon amour pour la mode

Pour vous, que représente la mode africaine aujourd’hui? 

C’est une puissance  très importante aujourd’hui. Je peux le dire avec mon expérience des événements de mode  en Afrique depuis 2007, où j’ai été invité à parler et montrer le savoir-faire, l’artisanat et la mode marocaine. J’ai eu la chance de rencontrer de grands créateurs de mode africains.  J’ai été aussi sublimé par les tissus, les couleurs les tendances  et les coupes. Fort de cela, je peux dire que l’Afrique c’est l’avenir.
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