« Rafiki », le film polémique qui aura une chance pour les Oscars
Interdit dans son pays au motif qu’il traite de l’amour entre deux femmes, le film kényan « Rafiki » pourra être vu pendant sept jours à Nairobi, et espérer ainsi être en lice pour les Oscars. La justice kenyane en a décidé ainsi le vendredi 21 septembre 2018…
« Je pleure. Je suis dans un aéroport français. Quelle joie ! Notre constitution est forte ! Remerciez la liberté d’expression !!!! », a réagi sur Twitter la réalisatrice Wanuri Kahiu qui entend montrer, à travers son film, une image pop et « joyeuse » de l’Afrique.
« Rafiki » sera diffusé dans un cinéma de Nairobi du 23 au 29 septembre, d’après le compte Twitter du film. Pour être sélectionné aux Oscars, un film doit être projeté dans le pays qui le soumet pendant au moins sept jours consécutifs.
Le long-métrage avait été présenté avec succès à Cannes, dans la section « Un Certain Regard », devenant le premier film kényan jamais vu sur la Croisette.
Mais au Kenya, toujours sous le coup des lois datant du colonialisme britannique, l’homosexualité reste illégale, et la commission de la censure avait interdit le film en raison de « son thème homosexuel et de son but évident de promouvoir le lesbianisme, ce qui est illégal et heurte la culture et les valeurs morales du peuple kényan », ont réagi les autorités.
« Oui, nous vivons dans une société conservatrice », confirmait à Cannes la réalisatrice, qui risquait jusqu’ici la prison en cas de projection sur le sol kényan.
Pour son premier long métrage, elle voulait surtout raconter une histoire d’amour « vibrante, moderne et cosmopolite », avec des personnages occidentalisés.
Dans « Rafiki », Kena (Samantha Mugatsia) et Ziki (Sheila Munyiva), deux étudiantes vivant chez leurs parents, se rencontrent, se découvrent et s’aiment dans un pays où « les filles bien deviennent de bonnes épouses ». Pudique à souhait, le film mise sur une réalisation sensuelle, privilégiant l’éclosion des sentiments.