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Rencontre avec… M. Tahirou Barry, Ministre de la culture, des arts et du tourisme du Burkina faso

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Tahirou Barry, Ministre de la culture des arts et du tourisme du pays des Hommes intègres a été découvert par beaucoup de Burkinabe le 1er juillet 2010, lorsqu’il prêtait serment comme président d’un parti politique d’opposition dénommé PAREN (parti de la renaissance nationale). Juriste de formation né à Gagnoa en Côte d’Ivoire, peu bavard et même très timide, il s’est lentement et discrètement forgé une expérience de carrure d’homme politique.

Son enfance fut heureuse jusqu’au jour où son père perdit son emploi. Ce fut le début des incertitudes et des privations. Ces épreuves l’ont marquées de façon indélébile et même changé sa vision des relations humaines. << nul ne peut tendre la main à celui qui a perdu tout espoir si l’on n’a jamais douté.>>, dit-il.

Au plan professionnel, Tahirou rêvait, depuis son lycée d’embrasser la carrière de journaliste ou enseignant de philosophie. Déjà, dès sa classe de seconde, il fut successivement chroniqueur sportif à Radio Gaoua puis Radio Canal Arc en ciel Ouaga après son Bac et rédacteur en chef du journal de sa faculté en droit pendant deux ans. Mais son destin n’était ni dans le journalisme ni dans la philosophie. Il se rappelle amèrement le rejet de sa demande de stage à la TNB, en 1998, alors qu’il espérait se forger profondément dans ce qui le passionnait.

Il fut plutôt recruté à la fonction publique, en qualité de juriste à l’issue d’un test. À 29 ans, Tahirou est nommé par le professeur Joseph Paré RN qualité de Ressources Humaines à l’université de Ouagadougou, fonction qu’il exerce pendant trois ans.

Marié depuis 2003 avec une femme moaga du ganzourgou qu’il a rencontré dans l’association religieuse AEEMB, titulaire d’un diplôme de maîtrise en droit et d’un DESS en management des ressources humaines, infatigable travailleur, en plus de ses charges professionnelles, il occupe depuis 2003 des fonctions d’enseignant vacataire à l’ENAM (Ecole Nationale d’Administration et de Magistrature)

Tendances People Mag :  Quelle est votre vision du cinéma dit « africain »

Tahirou Barry: le cinéma dit « africain » doit véhiculer l’image des valeurs africaines. Le cinéma dit  » africain  » doit se distinguer du cinéma occidental et se départir de tout ce qui est mimétisme mécanique. Aujourd’hui l’Afrique a ses besoins, l’Afrique a ses réalités, l’Afrique a ses ambitions. Il appartient donc à nos cinéastes de faire en sorte que l’image de l’Afrique soit valorisée et prise en compte dans les politiques qui sont menées par les institutions d’envergure mondiale.

T.P.M :  que pensez vous de l’image que l’Afrique véhicule à travers la grande majorité de nos films ? Doit on continuer à montrer la pauvreté, les guerres, les maladies… ?

Tahirou Barry: il ne s’agit pas de montrer de façon brute les misères et autres problèmes de l’Afrique. Il faut plutôt présenter les problèmes sous une forme interrogative. Poser les problématiques qui puissent interpeler les consciences humaines et qui puissent interpeler les gouvernements, les citoyens, l’humanité sur sa responsabilité quant à la conduite d’une politique de réhabilitation ou d’entraide. L’humanité a un devoir de solidarité envers les nations en difficultés. Et donc les problèmes sont posés sous une forme interrogative visant à susciter la réflexion, l’engagement, l’action, je pense que c’est ça qu’il faut saluer.

T.P.M: Quelle sera la particularité du FESPACO 2017

Tahirou Barry: il s’agit de penser déjà à la numérisation, la nouvelle technologie en marche. Pour le festival de 2017, nous ambitionnons de numériser trois salles de cinéma sur les huit qui seront en activité pour cette 25e édition du FESPACO. Il s’agira également de faire une certaine lumière sur les acteurs, ce qu’on appelle les célébrités. Il y’aura une série d’activités qui sera dédiée à nos célébrités pour que le cinéma ne soit pas vu comme l’action des réalisateurs, des producteurs, mais aussi comme la contribution assez riche des comédiens et des comédiennes.

Il y a aussi l’aspect festif qui ne va se contenter de la rythmique moderne, il y aura la valorisation de notre patrimoine culturel à travers par exemple, à l’ouverture, la prestation des lauréats de la Semaine Nationale de la Culture. Et quand on sait qu’ils sont véritablement les ambassadeurs de la culture burkinabé. Je pense que cela va contribuer à enrichir un festival qui vise en outre à promouvoir les valeurs africaines, la culture africaine et la contribution d’une identité nationale, assez forte et ambitieuse.

On peut aussi ajouter le MICA (Marché International de l’Audiovisuel et du Cinéma) qui va se délocaliser à Ouaga 2000 dans des conditions beaucoup plus confortables. Avec des experts et des spécialistes qui vont apporter leurs expériences et leurs savoirs dans une série de discussions et de conférences qui seront probants. Je pense que cela va contribuer à enrichir tous les participants, tous les festivaliers qui ont un cœur d’apprendre quelque chose au cours de ce festival.

Propos recueillis à Ouagadougou par Zaliha Simpore

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