Un justicier en collant pour l’Afrique

Le week-end dernier, j’ai fait une ravissante découverte pendant une séance ciné familiale. A la maison, bien sûr ! On est bien obligé de faire avec nos petits écrans hein ?! Les salles de cinéma ne courent plus les rues au Cameroun. C’est donc sur le tout dernier Captain America : civil war que j’ai jeté mon dévolu. Quoi ? Ne m’en veuillez pas si j’aime les super héros, leur détermination à tout rompre et, surtout, leurs biceps à tout casser…Ils sont si rares dans la vraie vie.

Je ne vous raconte pas la beauté des scènes, le dynamisme des plans, l’intrigue, l’élégance des combats inspirés de la capoera, du Kung-fu, de l’aïkido, du karaté, etc (je confirme être absolument contre la violence) et le magnifique jeu des acteurs comme Scarlett Johansson (Natacha Romanoff) ou Robert Downey Jr ( Iron man). Je ne vous dis rien non plus sur les autres supers héros qui ont rejoint les rangs des Avengers pour cet épisode de Marvel…Non ! Désolée ! J’ai la langue trop pendue ! Bon alors, il y a Spiderman, Antman et Black panther. Un félin farouche à la vengeance pugnace.
Et, bonne nouvelle, Black panther est africain. Ouiiii! C’est gentil Marvel ! T’Challa, incarné par Chadwick Boseman, est à la fois guerrier et héritier d’un royaume logé en Afrique centrale, le Wakanda. Je dois dire que j’ai assez bien pris le fait que, pour une fois, on aligne un super héros africain baraqué à la force surnaturelle au milieu de ces autres mastodontes, même si le rôle est joué par un afro-américain. Jusque-là, je n’avais pas beaucoup vu de justiciers en collant d’origine africaine peints par des scénaristes américains. Je sais, il n’y a pas grand-monde qui va s’en émouvoir mais moi, j’y vois un signe.
J’ai davantage été interpellée par le fait que nos héros aient dû se retrouver chez nos voisins du Nigéria. Hum…Evidemment, pour affronter les méchants! Pas pour un safari ! Les combats et courses-poursuites ont lieu dans un marché de Lagos. Les décors sont tellement réalistes qu’on se croirait vraiment en Afrique. Pourtant, ils ont été reproduits à Atlanta. Voilà qui est flatteur pour le Nigéria qui s’offre ainsi une visibilité à nulle autre pareille.

Regarder les hangars brinquebalants, les pousse-pousse à l’agonie, les épis de maïs, les papayes, bananes, ananas, manioc et autres aliments de chez nous, partir des étales de fortune pour se retrouver sur le carreau après le passage en furie des acteurs, m’a ramené à mon environnement. Encore le cliché de l’Afrique miséreuse direz-vous ! Et vous aurez raison.
Mais, j’ai quand même éprouvé de la fierté à retrouver certains de mes repères dans ce cinquième meilleur démarrage de tous les temps au box-office américain, avec 182 millions de dollars de recette quelques jours après sa sortie officielle en avril dernier. Ce sera peut-être bientôt au tour du marché du Mfoundi, de Mboppi ou de Nkololoun …Quoi ? Je peux encore me permettre de rêver non ?! Peut-être même que ce sera une grosse production africaine jouée en Afrique avec des super-héros africains. D’ailleurs où est passé Michael Power ? Pour ceux qui ne s’en souviennent pas, c’était un africain balèze, intrépide qui empêchait à un vilain de détruire le monde. Pur produit d’une entreprise brassicole. Paradoxe…Du coup, je me demande bien quel message il fallait en tirer ? La puissance de Michael était-elle l’effet de la bière ? Mince, ils nous ont bien eus !
En tout cas, les américains ont su créer des symboles à travers des personnages qui résistent à l’espace et au temps. Ils servent des modèles de force, de courage, de détermination et de jeunesse éternelle auquel le public veut ressembler ou s’identifier. Ils misent, sans forcer le trait, sur l’impact positif sur ceux qui vivent et rêvent avec les personnages de films. Sans lésiner sur les moyens. Par exemple, Captain america, personnage fictif mais fort bien construit, incarnant le patriotisme et la fierté américaine, aura bientôt sa statue géante à Brooklyn. Voyez-y la sublimation des valeurs qu’il incarne et communique à ses fans. Pourquoi ne pas copier les bons exemples en commençant par faire des personnes réelles des patrimoines? Je parle évidemment des acteurs africains de l’industrie cinématographique et de bien d’autres domaines… Vous me direz encore que je rêve ! Et vous aurez encore sans doute raison. Mais, je préfère narguer l’afro pessimisme et attendre de lendemains meilleurs pour notre continent…