« Je souhaiterais voir une école de cinéma ouvrir en Centrafrique et voir le monde du cinéma se développer » – Sylviane Mbapondo
By 0 Comments
|
Quelques jours avant l’ouverture du festival » Bangui Fait son Cinéma » la rédaction de Tendances People Mag s’est entretenue avec la promotrice dudit festival. Sylviane Mbapondo revient sur les éléments majeurs qui vont entourer ce grand rendez-vous du cinéma africain, en République Centrafricaine.
Pouvez-vous nous présenter le Festival que vous avez lancé à Bangui, qui est une première dans le pays ?
Ce Festival est en effet une première en République Centrafricaine, plus précisément à Bangui. Il est un Festival International de films africains et afro-descendants, un festival au cours duquel divers cinéastes vont se rencontrer en toute convivialité pour la présentation des meilleures productions de l’heure, avec des compétitions sur quelques catégories dédiées. Ce Festival je l’ai nommé tout simplement « Bangui Fait Son Cinéma ».
Quelle est la particularité de ce Festival ?Quels sont les différents films qu’on peut y trouver ?
La particularité de ce Festival est de mettre une visibilité sur les films réalisés par ou pour les Africains dans le monde, dans le but de donner une image positive de l’Afrique mais aussi faire rêver la jeune génération. Ses objectifs sont les suivants :
– Mettre en lumière le professionnalisme dans le métier du cinéma parmi les Africains et Afro-descendants ;
– Encourager la mise en réseau des professionnels africains et afro-descendants de tous bords ayant un lien avec la profession de cinéaste ;
– Identifier des nouveaux talents et des making-of de films africains et afro-descendants ;
– Ancrer le festival en République Centrafricaine pour contribuer au dialogue entre les cultures et booster l’économie du cinéma
Nous trouverons lors de ce Festival des courts métrages, comédies, documentaires, drames, romantiques, actions et autres.
Qu’est-ce qui vous a poussé à créer un tel projet en Centrafrique, toujours en proie à des conflits armés et dont le contexte politique et humanitaire est toujours difficile ?
La République Centrafricaine se reconstruit, le pays revient dans le concert des nations et montre au monde qu’il tient, qu’il résiste et met tout en œuvre pour assurer un avenir à sa population.
Les Centrafricains renaissent, reprennent espoir. Comme si la nature savait qu’ils avaient beaucoup soufferts et sont restés coincés et prisonniers des multiples conflits qui les ont dévastés, ils se réinventent une vie, leur vie et se l’approprient. Et il faudra que, d’ici quelques années, la République Centrafricaine arrive au même niveau que ses frères d’Afrique, se trouve aussi en tête de pelletons dans la musique, le sport, la mode, la littérature… et le cinéma, et pour cela elle a besoin de tous ses enfants. Tout le monde doit mettre la main à la pâte, ce n’est plus qu’une question des politiques…
Quels sont vos attentes concernant la diffusion du Festival à Bangui?
Je souhaite que cette première édition soit une réussite et que nous puissions la pérenniser. La population doit se l’approprier et savoir que chaque année, les Centrafricains organisent Bangui Fait Son Cinéma. Du plus profond de mon cœur je souhaiterais voir une école de cinéma ouvrir en Centrafrique et voir le monde du cinéma se développer. La RCA doit avoir son industrie du cinéma. Nous avons de bons acteurs et actrices, de bons réalisateurs. Il nous faut avoir des producteurs et des diffuseurs. Que ce Festival Bangui Fait Son Cinéma puisse nous pousser à nous dépasser et croire en nos capacités et compétences.
Vous êtes une cinéaste très attachée à la Centrafrique et qui s’est toujours efforcée de casser les préjugés concernant ce pays à travers le cinéma…Quels sont vos futurs projets allant dans ce sens?
Comme je vous l’ai dit précédemment, le Cinéma centrafricain doit se développer et asseoir une notoriété. Comme la Côte d’Ivoire a pu le faire, le Nigéria, l’Afrique du Sud, le Sénégal, le Cameroun et autres, nous devons prouver à l’Afrique que la Centrafrique aussi fait son cinéma. Seule, elle ne le pourra. C’est avec le concourt de ceux qui ont réussi et connaissent tous les rouages, avec l’amour du métier ancré dans notre cœur que nous professionnels de cinéma centrafricain pourront relever ce défi. Bangui Fait Son Cinéma trouve là tout son sens. Pour ma part, je vais continuer à réaliser mes séries et autres et suis disposée à faire mieux, à faire plus, avec l’appui et le soutien de tous. Seule l’on ne peut pas aller loin, mais c’est avec ceux qui pensent et agissent comme moi que j’y arriverai. Mon pays la RCA n’est pas mort et le monde du cinéma centrafricain respire toujours et l’oxygène devient de plus en plus frais et nous vivifie de plus en plus !
Propos recueillis par Blaise Pascal Tanguy