Nécrologie : le styliste ivoirien Eloi Sessou quitte la scène
Eloi Sessou est décédé au petit matin du jeudi 22 août 2019 au CHU d’Abidjan Cocody des suites d’un mal qu’il a trainé depuis plus de cinq mois.
C’est depuis avril dernier qu’il se plaint de douleurs aiguës à une jambe. Ce qui l’empêche de se tenir debout pendant longtemps. Le mal qui allait de mal en pis, se faisait sentir par la suite au niveau de la hanche malgré les nombreux traitements médicaux. Au décès du styliste, une source a affirmé qu’il souffrait également d’hémorroïdes. Eloi Sessou avait trois passions : Dieu, la couture et la musique. Toujours en train de bosser, Eloi noyait ses instants de liberté dans la chorale de l’église St-Jean de Cocody.
Eloi Sessou faisait partie des jeunes fleurons de la mode africaine. Installé, il y a 16 ans à Abidjan, il a parcouru plusieurs capitales africaines pour présenter ses modèles. Il a démarré très tôt dans le milieu et devient vite un loup aux dents longues. Sa passion pour la mode prend réellement forme sur les bancs de l‘université d’Abidjan Cocody dans le département de Physique & Chimie en troisième année. La mode est contagieuse et quand son virus vous pique, vous laissez tout tomber pour elle, dit-on. C’est le cas d’Eloi Sessou qui abandonne les sciences physique et chimique pour le métier du vêtement. Pour y arriver, il suit une formation à Ofelia Academy, une grande école de couture de la place abidjanaise. Trois ans après, il obtient un BTS en stylisme. Des stages chez la créatrice Désirée Djomand, chez l’habilleur Wrangler ou chez Pathé’O vont parfaire sa formation. C’est aguerri de connaissances suffisantes qu’il cherche à voler de ses propres ailes.
Sans grand moyen financier, il se construit de fil en aiguille. Tout d’abord, Eloi sous-traite avec son professeur de modélisme, Mme Gonzales dont il loue une machine à coudre et utilise l’atelier de couture. Ensuite, le jeune styliste se prend un studio qui lui sert d’atelier la journée et de couchette le soir. Enfin, il monte son véritable atelier en 2005 à Cocody-Attoban. Quatre ans après, il quitte Attoban et s’installe à la villa 155 de Cocody Val Doyen 2. C’est une grande bâtisse de deux niveaux avec le show-room et la cabine d’essayage au rez-de-chaussée, et l’atelier de couture au 1er étage.
Eloi Sessou était très femme dans la création mais il y avait toujours une déclinaison masculine de ses collections. Il se singularisait par les plumes et les perles. Il était aussi bien à l’aise sur les matières occidentales et orientales, soyeuses et nobles que les matières africaines. Il faisait du prêt-à-porter mais il était aussi très sur mesure. Dans la création, Eloi était très fin et ses finitions nettes. Ce qui donnait des lignes fluides à ses vêtements qui pouvaient être de ville, de soirée, ou de cocktail.
Collections
Sa collection 2012 s’appelait Merveilles mystérieuses où il fait la part belle au noir sombre clairsemé de pierreries, de strass et couleurs chaudes. Dans son sillage, il y a eu des collections qui ont fait sa fierté car fort appréciées par le public notamment les dames. On peut citer pèle mêle, Reflet sauvage, Echappée cristalline, Chemin de Roses, Nuits Eternelles ou Massaï. Eloi a réalisé son premier grand défilé quand il était à l’école de couture. Lui et deux autres élèves de son établissement avaient fait la première partie du défilé Féerie de Gilles Touré qui était aussi leur professeur de stylisme. La même année, Eloi participe au Yéhé de Miss Zahui, un défilé destinée au jeune créateur. Au cours de ce défilé, il passe au petit matin dans une salle aux trois quarts vides. Mais parmi ce petit monde, il y a Thierry Coffi, secrétaire général du Comité Miss Côte d’Ivoire qui a bien apprécié ce qu’il a présenté comme tenue. Thierry Coffi en parle à Victor Yapobi, le président du COMICI. Par la suite, Eloi est retenu pour habilleur les finalistes de Miss Côte d’Ivoire 2002 en tenues artistiques. Aujourd’hui, il est l’habilleur officiel de Miss Côte d’Ivoire et de Miss CEDEAO. En 2003, Eloi Sessou remporte le concours de jeunes créateurs Alopka à Lomé au Togo. Ce qui lui donne plus de confiance pour affronter le marché du travail et se positionner comme le fer de lance de la jeune génération. Depuis sa création en 2002, Eloi Sessou est membre de l’association des créateurs de mode de Côte d’Ivoire (ACMCI).
Carnet privé
Eloi Codjo Sessou voit le jour le 26 décembre 1977 dans un village du Département de Daloa (centre-ouest de la Côte d’Ivoire à 400 km d’Abidjan) de parents immigrés béninois. Son père est chef du personnel dans une industrie de bois de la région. Il étaitt le 5è enfant d’une fratrie de nombreux gosses. Il suit un cursus scolaire primaire et secondaire normal avant d’être orienté au département de Physique&Chimie à l’université d’Abidjan Cocody après le baccalauréat série D en 1996.