Chambre 2806 : la série documentaire sur l’Affaire DSK sujette à la critique
Le documentaire événement sur l’affaire DSK de mai 2011 est disponible sur Netflix depuis le 7 décembre. Cette série en quatre épisodes pose plusieurs questions tant sur sa forme que sur son contenu.
Il est très moralement discutable de faire un cliffhanger pour passer d’un épisode à l’autre sur les théories du complot ayant fusé à l’époque, dont l’une voulait que Nafissatou Diallo ait été envoyée dans la chambre par Nicolas Sarkozy qui cherchait à faire tomber son adversaire politique. Reste le témoignage clé de Nafissatou Diallo. Sa parole est rare depuis 9 ans, donc ça reste un beau coup journalistique. Mais dans son interview, elle ne va pas plus loin que ce qu’elle racontait à Paris-Match en septembre dernier. De plus, la mise en scène de la rencontre – avec des « stop and go » et des grands plans vus d’en haut de l’intérieur de la méga-église où elle se confie, est parfois gênante.
Certes, Chambre 2806 : l’affaire DSK ressemble énormément aux docus de reconstitution d’affaires criminelles dont les Américains sont friands : gros plans sur la porte de la chambre, images de caméra de sécurité passées en boucle, appel à la police, musique omniprésente, répétitions. Mais, en l’occurrence, neuf ans après les faits, on était en droit d’attendre autre chose. Là où le film commente la chute d’un homme de pouvoir -passant la moitié du premier épisode à expliquer comment DSK était destiné à devenir le prochain président de la France-, on espérait une véritable analyse de l’affaire. Certains témoignages louant le pouvoir de séduction de l’homme politique paraissent totalement hors de propos. Il est même glaçant d’entendre les anciens ministres Jack Lang et Elisabeth Guigou vanter ses multiples qualités.
Il aurait été plus judicieux -aujourd’hui que la parole des femmes est plus largement écoutée- de comprendre comment le témoignage de la femme de ménage a soigneusement été sapé. Il aurait été intéressant de revenir sur l’omerta qui entourait les affaires de mœurs des personnes de pouvoir. La conclusion qui fait de cette affaire l’étincelle pré-Me Too (ajoutant dans la sauce le dépôt de plainte de Tristane Banon et l’affaire du Carlton) laisse un goût amer, tant on a plutôt l’impression que 2011 appartient au siècle dernier.
Source : premiere.fr