Coupe du monde 2018 : ce que la victoire de la France nous révèle
Vous avez froncé les sourcils en lisant le titre du présent article ? Normal ! A priori, il n’a rien à y faire. Pourquoi parler de football dans une chronique dédiée à la culture ? Je me pose la même question. Mais, à regarder de plus près, cette problématique prend tout son sens dans l’actualité de la Coupe du monde de football (Russie 2018).
Tout le monde sait que la France a remporté le trophée pour la deuxième fois de son histoire. Passée la joie euphorisante de la victoire, un débat, parti d’une réflexion, a tôt fait de s’installer. Certains ont estimé que le triomphe de la France était celui de l’Afrique, compte tenu de la couleur de peau de la plupart des joueurs constituant cette équipe et de la consonance pour le moins subsaharienne de leurs noms : Pogba, Kipembe, Kanté, Matuidi, Mbappé, Umtiti, etc… Faux, ont rétorqué Dupont et Dupont, en agitant l’argument de la diversité culturelle si chère à la France. « Ils sont Français », point barre. Les plus radicaux ont d’ailleurs avancé que si cette équipe était africaine, jamais elle n’aurait remporté la Coupe du monde, pour des raisons évidentes d’organisation interne. Curieusement, on n’a vu ce débat naître qu’après la finale de la prestigieuse compétition.
Or, une fois que le Nigeria, le Sénégal, le Maroc, la Tunisie et l’Egypte ont dû faire leurs cartons pour quitter la Russie, les Africains ont trouvé en la France, une consolation pour leur continent, parce qu’ils ont pu s’identifier à ces jeunes qui ont les cheveux aussi crépus, le nez aussi épaté et la peau aussi foncée qu’eux. Aucun Français ne s’était plaint, avant le dimanche 15 juillet 2018, du fait que les Africains considéraient alors la France comme la 6ème nation africaine de la Coupe du monde.
Au milieu de ce débat, voici mes questions : combien de camerounais portent le nom de Mbappè ? Combien de maliens s’appellent Kanté ? Combien de guinéens se retournent quand on dit « Pogba » ? Pourquoi les Africains, ne se sentiraient-ils pas aussi fiers de ces fils qui leur ressemblent, même si c’est la France qui leur a tout donné ? Au bout de ce questionnement, une seule conclusion : qu’on le veuille ou non, l’Afrique a son ADN dans ce trophée brandi aux yeux du monde. La playlist de Kipembe en dit long (hahaha, argument de mauvaise foi parfaitement assumé)…
Plus sérieusement, ce débat déchaîne les passions mais est très important, précisément aujourd’hui. Il nous remet en plein cœur de la problématique de l’identité, qui se pose autant aux Africains qu’aux Français. Qui sommes-nous réellement ? C’est la grande question avec une seule réponse au bout du compte : des êtres humains.
