Des créatrices de mode s’associent pour promouvoir le vivre-ensemble en Afrique
Il s’agit de Maylina Créa (Comores), Anika Exkiz (Mayotte) et Beradh (Mayotte). Dans une interview accordée à Emmanuel Tusevo Diasamvu, elles racontent la genèse de leurs parcours respectifs en France métropolitaine, au Sénégal et à Mayotte.
D’où vous est venue l’idée de transcender tous les obstacles que nous déplorons dans la coopération et le vivre ensemble entre Mayotte et les Comores ?
Beradh : En fait, cela fait deux ans qu’on coud. Moi j’ai découvert la couture, les tissus wax et les variétés de leurs couleurs au Sénégal et ça m’a donné envie de me lancer dans le stylisme et la mode. Pour Anika et Maylina , c’est la même chose, ça fait deux ans qu’on coud et on ne se connaissait que à travers les réseaux sociaux. On s’est dit: pourquoi ne pas se rencontrer? J’ai rencontré avant Anika en 2017, on était à Paris, je lui ai souvent rendu visite. On s’échangeait des conseils sur les créations. Cette année, elles ont décidé de faire ce défilé et elles m’ont invitée à rejoindre le projet MAY COM SONA.
Emmanuel TUSEVO : Et vous, Anika Exkiz, qu’est-ce que vous pouvez nous dire sur votre implication dans ce trio ?
Anika Exkiz : D’abord, il faut savoir que nous sommes des femmes mahoraises et comoriennes passionnées de couture. On a l’habitude chez nous, dans nos îles, que la couture soit référencée surtout par les tenues traditionnelles, le savoula et le chiromani, etc. Ce qu’on a envie, nous, c’est de mettre un peu plus en valeur ce type de tissus pour pouvoir montrer au monde qu’on peut faire autre chose avec ces tissus . Nous avons envie de réaliser un projet ensemble, de montrer qu’ensemble, on peut faire quelque chose de bien, de grand dans l’harmonie, avec amour, avec amitié, dans la solidarité. Ce projet constitue une histoire d’amitié et d’amour entre sœurs couturières.
Emmanuel Tusevo : Je m’adresse à présent à Maylina Créa. Pourquoi vous vous êtes impliquée dans ce projet, quelle est l’ambition qui vous anime?
Mayilina Créa : Pour moi, tout a commencé le jour où une copine m’a invitée en tant que demoiselle d’honneur à son mariage. J’ai cherché une couturière pour faire confectionner ma tenue, je n’en trouvais pas sur Toulouse où j’habitais, celles que je trouvais étaient très chères. J’ai décidé de le faire moi-même en regardant sur YouTube les tutoriels de couture.
Tusevo Emmanuel : Comment avez-vous conçu ce premier défilé que vous organisez sur Mayotte, comment l’avez-vous rêvé ?
Maylina Créa : On a décidé par la suite de descendre à Mayotte cet été (juillet 2019). On a commencé à réunir et à sensibiliser toutes nos sœurs couturières. Celles qui étaient intéressées ont marché avec nous. On s’est lancé sans avoir eu le temps de créer une association proprement dite. On a juste ce nom de MAY COM SONA comme groupe de copines. On a remué ciel et terre pour mener à bien ce projet de défilé de mode parce qu’on voulait absolument prendre le pouvoir cet été, prendre la parole et montrer ce que nous savons faire malgré tout parce que c’était le seul moment parfait de réaliser ça ensemble. Nous voulions surtout réunir tous les jeunes artistes, chanteurs, maquilleuses, coiffeurs et couturières, les réunir et travailler ensemble pour évoluer tout simplement.
Anika Exkiz : Maylina et moi, on avait déjà organisé un défilé à Montpellier en France métropolitaine et par la suite, nous nous sommes demandé comment organiser notre défilé à nous à Mayotte. On s’est concerté entre nous, on en a discuté et on s’est décidé de venir concrétiser ce rêve cet été à Mayotte en réunissant les multiples talents de l’île.
Beradh : Comme disait Anika, pour se réunir comme sœurs de couture, nous avons sollicité des jeunes entrepreneurs qui voulaient avoir une image en échange des services qu’ils allaient nous apporter afin de réussir ce défilé. Nous avons des prestataires comme HODIDAGONI, SENSUALITY’S WOMAN, CLASSINFOOD,VAHINY, MAËLLA ET NATACHA ainsi que des maquilleuses qui sont là pour nos épauler et maquiller nos mannequins. Pour la décoration, on s’est débrouillé avec nos proches dont certains nous ont fourni des chaises et des tables.