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Fespaco 2023 : L’Étalon d’Or pour « Ashkal » de Youssef Chebbi

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Un Triomphe Tunisien au Plus Grand Festival de Cinéma Africain

Ouagadougou, Burkina Faso – La 28e édition du Festival Panafricain du Cinéma et de la Télévision de Ouagadougou (Fespaco), le plus grand festival de cinéma africain, s’est clôturée ce samedi sur une note de triomphe pour le jeune réalisateur tunisien Youssef Chebbi. Né en 1984 à Tunis, Youssef Chebbi a reçu l’Étalon d’Or de Yennenga pour son film « Ashkal », sous les acclamations du public et des critiques présents.

La présidente du jury, la Tunisienne Dora Bouchoucha, a salué une « rigueur extrême » et un « travail qui sort de l’ordinaire », précisant que l’Étalon d’Or a été attribué à M. Chebbi à l’unanimité. Dans ce polar poignant se déroulant dans les Jardins de Carthage à Tunis, un quartier marqué par l’abandon après la chute du président Ben Ali en 2011, deux policiers enquêtent sur des immolations mystérieuses. Dora Bouchoucha a souligné : « C’est une intrigue policière, mais en fait ça parle du peuple tunisien. »

« Ashkal » a également été sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs du Festival de Cannes en France, et a remporté l’Antigone d’Or, la plus haute récompense du Festival du Cinéma Méditerranéen de Montpellier en 2022.

Le réalisateur tunisien a devancé deux femmes pour l’Étalon d’Or : la Burkinabée Apolline Traoré pour « Sira », récipiendaire de l’Étalon d’Argent, et la Kényane Angela Wamai pour « Shimoni », honorée de l’Étalon de Bronze. Cette édition du Fespaco, placée sous le thème « Cinémas d’Afrique et Culture de la Paix », a vu la participation de 170 œuvres dans différentes catégories.

Autres Récompenses

L’interprétation masculine et féminine a été saluée pour « Sous les Figues », de la réalisatrice tunisienne Erige Sehiri.

Le prix du Meilleur Scénario a été attribué à « Le Bleu du Caftan », de la Marocaine Maryam Touzani.

Au total, quinze longs-métrages de fiction ont concouru pour l’Étalon d’Or de Yennenga, un prix d’une valeur de 20 millions de francs CFA (environ 30 000 euros).

Contexte Sécuritaire

Cette 28e édition du festival s’est déroulée dans un contexte sécuritaire particulièrement lourd au Burkina Faso, secoué par la violence djihadiste depuis plusieurs années. Des dispositifs de sécurité stricts, tels que des portiques, des fouilles, ainsi que la présence de militaires et policiers armés, ont été déployés aux différents lieux du festival. Malgré ces mesures, des projections ont été organisées pour les personnes déplacées en raison des attaques djihadistes à Kaya (Centre-Nord) et à Dédougou (Centre-Ouest).

Les attaques, principalement concentrées dans la moitié nord du pays, n’ont malheureusement pas cessé. Dimanche dernier, la ville de Partiaga (Nord-Est) a été la cible d’une attaque djihadiste ayant entraîné plusieurs morts parmi les habitants, selon des sources locales. Bien que aucun bilan officiel n’ait été communiqué, cette tragédie souligne les défis sécuritaires auxquels le Burkina Faso est confronté.

Depuis le début de l’année, le pays fait face à une intensification des violences perpétrées par des groupes liés à Al-Qaïda ou à l’État islamique, avec des dizaines de morts, civils ou militaires, presque chaque semaine. Depuis 2015, ces violences ont coûté la vie à plus de 10 000 personnes – civils et militaires – selon des ONG, et ont entraîné le déplacement de près de deux millions de personnes.

La prochaine édition du Fespaco est prévue du 22 février au 1er mars 2025, dans l’espoir de continuer à célébrer le cinéma africain malgré les défis persistants.

Palmarès complet du Fespaco 2023

Voici le palmarès de la 28e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco), plus grand festival de cinéma africain, qui s’est achevé samedi :

FICTION LONG-MÉTRAGE

– Étalon d’or de Yennenga : « Ashkal » de Youssef Chebbi (Tunisie)

– Étalon d’argent : « Sira », d’Apolline Traoré (Burkina Faso)

– Étalon de bronze : « Shimoni » d’Angela Wamai (Kenya)

– Prix d’interprétation masculine : l’ensemble des acteurs de « Sous les figues » d’Erige Sehiri (Tunisie)

– Prix d’interprétation féminine : l’ensemble des actrices de « Sous les figues » d’Erige Sehiri (Tunisie)

– Meilleur décor : « Mami Wata » de Fiery Obasi (Nigeria)

– Meilleur montage : « Abu Saddam » de Nadine Khan (Égypte)

– Meilleur scénario : « Le Bleu du caftan » de Maryam Touzani (Maroc)

– Prix de l’image : « Mami Wata » de Fiery Obasi (Nigeria)

– Prix du son : « Ashkal » de Youssef Chebbi (Tunisie)

– Meilleure musique : « Our Lady of the Chinese Shop » d’Ery Claver (Angola)

– Mention spéciale du jury : « Regarde les étoiles » de David Constantin (Ile Maurice)

FICTION COURT-MÉTRAGE

– Poulain d’or fiction court-métrage : « Will my parents come to see me » de Mo Harawe (Somalie)

– Poulain d’argent fiction court-métrage : « A doll » d’Andriaminosa Hary et Joel Rakotovelo (Madagascar)

– Poulain de bronze fiction court-métrage : « Tsutsue » d’Amartei Armar (Ghana)

DOCUMENTAIRES

– Étalon d’or documentaire long-métrage : « Omi Nobu/L’Homme nouveau » de Carlos Yuri Ceuninck (Cap-Vert)

– Étalon d’argent documentaire long-métrage : « Nous, étudiants » de Rafiki Fariala (Centrafrique)

– Étalon de bronze documentaire long-métrage : « Gardien des mondes » de Leïla Chaïbi (Algérie)

– Poulain d’or documentaire court-métrage : « Angle mort » de Lofti Achour (Tunisie)

– Poulain d’argent documentaire court-métrage : « Katanga nation » de Beza Hailu Lemma (Éthiopie)

– Poulain de bronze documentaire court-métrage : « Kelasi » de Fransix Tenda Lomba (RDC)

– Mention spéciale du jury : « L’Envoyée de Dieu » d’Amina Mamani (Niger) et « Cuba en Afrique » de Negash Abdurahman (Éthiopie)

SECTION PERSPECTIVES

– Prix Paul Robeson au long-métrage documentaire « Le Spectre de Boko Haram » de Cyrielle Raingou (Cameroun)

SECTION BURKINA FASO

– Meilleur film burkinabé : « Laabli l’insaisissable » de Luc Youlouka Damiba.

– Meilleur espoir burkinabé : « Le Botaniste » de Floriane Zoundi

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