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Olivia Mabounga signe sa première création théâtrale avec Tchoko

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Autrice, comédienne et metteuse en scène, Olivia Mabounga offre au public, une belle proposition servie par une intense et émouvante interprétation de la comédienne Bénédicte Mbemba qui assume ce seule en scène.

 » Tchoko  » est une expression connue de la communauté congolaise.  » Tchokoter  » signifie en lingala se décaper la peau, s’éclaircir la peau. Se l’éclaircir pour être au plus proche de la peau blanche dominante. La dépigmentation volontaire de la peau touche l’Asie, l’Afrique du Nord mais le spectacle s’intéresse ici à celle pratiquée par les femmes noires. Une thématique audacieuse pour une première création que l’artiste veut faire découvrir à son public.

Bénédicte Mbemba interprète Béné, une jeune fille noire fan de Beyoncé qui souhaite ressembler à son idole au teint clair et aux cheveux qui volent au vent à chacun de ses pas de danse. Elle veut ressembler à tous les visages blancs qui l’environnent et qui occupent les espaces de pouvoir et de beauté. Quand elle découvre la crème éclaircissante Carolight, elle croit trouver la solution. L’engrenage addictif qui va de pair avec l’atteinte irréaliste de ce teint clair, auront raison de sa santé mentale et physique. On est embarqué tout au long de la pièce dans un monologue intérieur marqué par son obsession de se défaire à tout prix de sa peau noire et de ses cheveux crépus. Parce que c’est moche. Parce que ce n’est pas commercial. Parce que ce n’est pas désirable. C’est ce qu’elle a toujours entendu de la part de sa mère. Et la société qui l’entoure lui donne raison.

Le plateau est nu, habillé d’une demi-pénombre par des projecteurs sur pied. L’exploitation de l’espace fait appel à l’imagination du spectateur/de la spectatrice. Notamment dans les moments de rituel d’application de la crème. L’accent est porté sur la parole de Béné qui de fil en aiguille déroule une pensée sur ses traumatismes, sa place de jeune fille noire dans la société française. Le texte est juste même si parfois des passages gagneraient à trouver en nuances. Cependant, il arrive souvent avec simplicité à nous évoquer le poids d’un système de représentations lié à l’héritage esclavagiste et colonial sur la trajectoire de cette jeune fille. Offrant un point de vue intime sur la question, le spectacle bouleverse tout en interrogeant la « norme » blanche à partir de laquelle le reste de l’humanité doit se définir, pour une quête de soi enfin libérée.

Ce spectacle mérite d’être vu par toutes et tous, notamment par les adolescentes noires. À cette période de vie, l’estime de soi-même est mise à rude épreuve, d’autant plus dans un monde où ce qui leur ressemble n’est pas synonyme de beauté, de respect et digne d’être aimé. Dans une société patriarcale, ce sont bien sur les corps des femmes et des jeunes filles que s’abattent encore plus nettement les poids et les conséquences d’identification à une supposée norme.

Source: Africultures ( Par Marie-Julie Chalu)

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