l’industrie du cinéma au Cameroun, un impératif économique au-delà de l’art
Nous avons tous en tant que cinéastes un souci particulier dans la mise en œuvre d’un contenu respectant les codes artistiques et techniques, aucun producteur ou réalisateur ne s’engage dans la réalisation d’une œuvre avec pour objectif un résultat médiocre. La portée de cet engagement intellectuel ne devrait souffrir d’aucune limite, voila pourquoi il est très important dans cette démarche de penser le positionnement économique de cette œuvre et pour cela ; des spécialistes existent.
Les productions au Cameroun pour des raisons qui nous échappent, s’improvisent commerciaux – marketistes – économistes. Ce qui est une erreur fatale ! Car c’est exactement comme si un professionnel du marketing décidait un beau matin de se munir d’une caméra et faire un film. Il s’agit ici d’un volet de rentabilité non négligeable qui avec un minimum d’organisation pourrait garantir une rentabilité fiable pour certains investisseurs et autres opérateurs économiques locaux qui ont encore du mal à évaluer le secteur cinématographique.
La grande question à laquelle il faudrait répondre est : avant la recherche des financements pour la fabrication d’une œuvre cinématographique, comment va-t-on la rentabiliser.
Mise en place de conventions économiques formelles
Beaucoup de cinéastes vous diront que l’objectif pour eux c’est de créer une œuvre et qu’ensuite cette œuvre soit vue et plébiscité par le plus grand nombre de cinéphiles. Seulement voila ; aucun schéma économique ne peut se construire sur une base aussi incertaine en terme de prévisionnel financier. Nulle part dans le monde vous ne verrez un tel processus, jamais !
Nous arrivons a un tournant décisif du management de notre septième art, après plusieurs décennies de marasme et de désinformation, il apparait très clairement qu’une révolution intellectuelle est sur le point de se mettre en place avec toutes les ressources nécessaires qui constituent les ingrédients d’une réussite assurée :
- Les ainés du domaine qui constituent une source d’inspiration inépuisable
- Une jeunesse formée et motivée
- Une technologie très développée et accessible
- Une diversité de plateforme de diffusion
- Un meilleur encadrement juridique du secteur
- Un accès illimité aux moyens de communication
Tout ceci nous entraine inévitablement vers une possible synergie économique capable de bouger les lignes et c’est ce qui a constitué depuis le début de notre action, le principal enjeu de la création de ce ciné-club (et d’ailleurs le plus déterminant) à savoir ; l’aboutissement à la formation sur le long terme d’un système de SOFICA (Société pour le financement de l’industrie cinématographique et audiovisuelle)
La création des SOFICA
Les SOFICA sont des sociétés d’investissement, qui collectent des fonds auprès des particuliers, moyennant une réduction d’impôt sur le revenu, pour les investir dans la production cinématographique et audiovisuelle contre des droits à recettes des œuvres ainsi cofinancées.
Longtemps considéré comme un produit destiné à une clientèle aisée, le dispositif SOFICA peut progressivement être élargi a une cible ayant des critères d’une PME, ceci en réduisant considérablement le montant minimum de souscription.
- Soit au moins 10% de ses investissements en contrats d’association à la production non adossés, en contrepartie de l’acquisition de droits portant exclusivement sur les recettes d’exploitation des œuvres cinématographiques ou audiovisuelles à l’étranger.
Adapter ce système au Cameroun pourrait être salutaire pour l’industrie du cinéma. Il sera précisément question d’une sorte de complément indispensable du soutien public et de l’investissement des chaînes de télévision. Il est question a travers ce dispositif, d’engager 80% des sommes récoltées au bénéfice de films d’initiative Camerounaise, afin de favoriser la diversité culturelle en contribuant au financement de la création indépendante et des films de jeunes auteurs.
Il s’agit très clairement d’un processus qui fonctionne et largement adapté au contexte économique actuel ; Il a d’ailleurs obtenu le meilleur classement en France, avec une notation de 3/3, lors de l’étude réalisée en 2011 par le comité d’évaluation des niches fiscales et sociales.
La vision de cette opération est de créer une valeur économique durable dans un contexte de marché donné ; celui du monde réel des entreprises, tissés d’intérêts divergents, de calculs individuels et de visions conflictuelles. Raison pour laquelle l’établissement de ce choix cohérent et l’implémentation de cet arbitrage fiscal représente le premier test du leadership stratégique de l’industrie cinématographique telle qu’elle est possible sur le plan local.
SUJET DEBAT SEANCE 11 – PLAN CINÉ
L’impact de la création des SOFICA (société pour le financement de l’industrie cinématographique et audiovisuelle) sur le positionnement économique du secteur.