Choquer pour plaire, la nouvelle devise des filles d’Abidjan
Ras de fesse, taille basse, spencer, mini-jupe….L’habillement des jeunes filles dérange. Elles ont opté pour des tenues très voyantes qui mettent à nue l’essentiel de leur corps et les offrent en spectacle. Surtout en ces périodes de fêtes de fin d’année. Autre temps, autres mœurs. Découverte à travers les rues d’Abidjan.
Les tenues vestimentaires des filles d’Abidjan intriguent. Eduquées par la télévision et la presse people, leurs points de repère sont Beyonce, Lady Gaga, Shakira, Jennifer Lopez et autres. Sans oublier les célébrités locales dont certaines sont passées maitres dans les frasques en tout genre. Le constat est là, amer. L’habillement des jeunes filles dérange .Tenues trop moulantes mettant en valeur la protubérance des fesses, ou trop courtes laissant deviner l’intimité ; décolletés et échancrures trop larges dévoilant les seins dans leur presque totalité ; dos totalement dégarnie ; mini-jupes, soutien-gorge, petites culottes, robes de nuits, robes courtes, collants transparents, pantalons ras de fesse, pantalons taille basse… L’attirail est loin d’être exhaustif. On les identifierait au premier coup d’œil à de véritables vendeuses de charme.
Dans ce jeu de cache- cache avec le vêtement, le Jeans, le stretch et les tissus moulants dominent. Le premier pour son côté pratique, tout terrain et apte à toutes les fantaisies, les autres pour leur qualité à épouser les formes comme un gant. Au diable les robes et les jupes longues, les pantalons cousus sur mesure, les ensembles tailleurs, les complets pagnes, les chemisiers… jugés dépassés et ringards.
Au nom de la mode, elles s’habillent à moitié, sinon dans des tenues qui présentent toute leur rondeur. Quand elles se retrouvent dans des milieux où il y a des regards dérangeants, elles passent leur temps à tirer le haut de leur chemisette vers le bas. Ceci pour couvrir leur ventre exposé. Autrement, c’est par derrière qu’elles essayent de couvrir.
‘’DVD’’ et ‘’VCD’’
Dans le jargon abidjanais inventif et empreint d’un humour noir mordant, les thèmes fusent pour designer ces jeunes filles qui maltraitent la mode en faisant d’elles un objet de dévalorisation plus tôt que de valorisation de la femme. On les appelle aujourd’hui les ‘’gos VCD’’ (Ventre et Cul Dehors) pour certaines, et ‘’DVD’’ (Dos ventre dehors) pour d’autres. Les ‘’gos VCD’’ portent très couramment des chaînettes aux reins. Quant à DVD, il est attribué à celles qui laissent découvrir leur dos, et dévoilent une bonne partie de leur ventre par leur tenue vestimentaire. Les gos DVD portent généralement des tatouages au bas de l’épaule et/ou dans le bas du dos. Le concept commun aux VCD et aux DVD est : « choquer pour plaire ».
Exit la sacralité du corps féminin !
A Cocody, commune huppée d’Abidjan, c’est à qui montrera le plus de ses parties intimes. Dans cette commune , à tous les moments de l’année mais plus encore en vacances avec l’arrivée des ‘’binguistes’’, rivalisent d’ingéniosité pour se surpasser en la matière. Les tenues de prédilection pour le faire, ce sont les culottes courtes ou les jupettes qui laissent la moitié des fesses dehors.
A Yopougon, Abobo, Marcory, etc., communes populaires d’Abidjan, cette tendance aux habits légers ou voyants s’est accélérée. Toutes semblent avoir opté pour l’exhibitionnisme. A croire qu’elles se passent le mot pour enterrer à tout jamais la sacralité du corps de la femme. La tendance au nudisme commencée les années antérieures, mais savamment dosée et mesurée, avec une mode comme « chéri regarde mon dos » a connu une accélération perverse ces dernières années. Et le corps de la femme n’est plus qu’un vulgaire objet exposé au vu de tous.
« Choquer pour plaire »
Dans les rues, sans gêne, elles marchent malgré les regards des passants portés sur ce qu’elles ont porté. Souvent avec des jupettes qui dévoilent des cuisses grosses et charnues… Outrés, des passants ne manquent pas de les apostropher violemment: « vous n’avez pas honte de porter les jupes de vos petites sœurs de la Maternelle ? » La réaction est immédiate et cinglante : « C’est la mode, si tu ne connais pas, retourne au village.» Comme on peut le voir, ces filles ont un remarquable sens de la repartie. A tous leurs détracteurs, elles répondent invariablement : « c’est la mode » ou encore « c’est la tendance ». Elles présentent ainsi la mode comme l’argument qui les pousse à se mettre ‘’nue’’. La mode prend ainsi une forme absolue.
Charmer, séduire, attirer, appâter, comme on dit « choquer pour plaire », seraient-ils le but visé par les jeunes filles qui se dénudent? La question reste posée. Pour Daniel, un pompiste d’une station d’essence qu’à Abidjan, « toutes les filles sont des prostituées par l’habillement. Il faut que la police des mœurs y jette un coup d’œil». Et au banc des accusés, les parents. Ou souvent certains hommes qui en raffolent. Autre temps, autres mœurs, disent les Anciens.