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Nominé aux Oscars 2025, découvrez de quoi parle « Dahomey » !

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« Dahomey » c’est la Polyphonie d’un héritage restitué. Mati Diop explore l’histoire et la mémoire culturelle dans son documentaire déjà primé à Berlin.

En 2021, le rapatriement au Bénin de 26 trésors royaux, pillés durant l’époque coloniale française a marqué un tournant historique. Parmi ces œuvres d’art emblématiques, deux statues des anciens rois du Dahomey, dont Ghézo, surnommé « lot 26 », symbolisent ce retour tant attendu. Dans son documentaire « Dahomey », couronné de l’Ours d’or à Berlin, Mati Diop capte l’émotion de cet événement en mêlant réflexions historiques, débats culturels et poésie cinématographique.

« Lorsque j’ai entendu parler de ce rapatriement, j’ai immédiatement voulu y consacrer un film », confie la réalisatrice. Initialement pensée comme une fiction, l’urgence de l’événement l’a poussée vers le documentaire : « J’aimais pouvoir cueillir cette actualité et l’inscrire dans la matière cinématographique, afin qu’elle ne se limite plus à un fait d’actualité, mais s’inscrive dans l’Histoire. »

Dans Dahomey, entre politique et poésie, Mati Diop transcende le format classique du documentaire. Des séquences rigoureusement documentaires s’entrelacent avec des moments poétiques où la statue de Ghézo, personnifiée, raconte les décennies passées dans l’obscurité des entrepôts français. Ce choix créatif, dit-elle, reflète un désir d’ancrer son cinéma dans le réel tout en explorant des dimensions métaphysiques et émotionnelles.

« Être les garants et les créateurs de nos propres archives est fondamental », souligne la réalisatrice. Pour elle, il est indispensable que le continent africain documente son histoire à travers ses propres regards, plutôt que par celui des anciens colonisateurs.

Plusieurs voix s’ajoutent au documentaire. En effet, des experts locaux, des étudiants et des visiteurs expriment leurs pensées sur l’héritage culturel et l’importance de ces restitutions. Une Haïtienne témoigne avec intensité : « Il y a un parallèle entre la restitution de ces œuvres et nos demandes de réparation. Aucun de nous ne sera libre tant que ces objets ne seront pas retournés à leur juste place. »

Pour la réalisatrice, ces objets captifs et exilés incarnent des identités complexes. « Ces œuvres sont devenues un peu créoles, à la fois africaines et françaises, comme moi en tant que Métisse », confie-t-elle.

Au-delà de son sujet, Dahomey reflète un idéal artistique pour Mati Diop. « Le documentaire, plus que la fiction, offre une interaction vivante avec ses protagonistes. Pour moi, ce projet a représenté une forme d’idéal de cinéma. »

En posant plus de questions qu’il n’apporte de réponses, Dahomey invite à réfléchir sur l’héritage culturel et la manière dont les sociétés africaines peuvent se réapproprier leur histoire. Un film qui, comme son sujet, transcende l’actualité pour s’inscrire durablement dans la mémoire collective.

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