Retour sur l’histoire et le procédé de fabrication du velours, cette étoffe douce, hivernale et luxueuse que l’on adore porter de jour comme de nuit.
Il est cossu mais on peut le porter casual, il était démodé, voici qu’il déferle sur toutes les pièces de notre panier shopping. Depuis quelques saisons déjà, le velours a su regagner l’estime des filles qui comptent et donc nos vestiaires. Pour briller en société -un peu plus qu’en portant simplement cette sublime veste en velours noir- petit lexique de l’étoffe qui fait briller nos hivers.
Le velours, une douceur venue de loin
Né dans la région du Cachemire sous le doux nom de « duvet de cygne », le velours est ensuite développé en Perse où les Italiens le découvrent et importent rapidement la technique à Gênes, Florence, Milan ou encore Venise au XIVe siècle. Le terme velours, lui, vient de villosus « couvert de poils » en latin. Pour obtenir cet aspect velouté qu’on lui connait, le procédé de tissage est particulier; des fils plus ou moins longs, droits ou couchés, ressortent sur l’endroit de la trame de tissu utilisée.
Ils peuvent être coupés au rasoir pour former des côtes ou apparaître sous forme de boucle ou arceaux : les poils. Pour obtenir l’effet panne de velours uni, on rase à deux millimètres; pour les pannes de velours ciselés, on coupe à différentes hauteurs afin d’obtenir des motifs, souvent des fleurs stylisées au XIVe siècle. La fabrication du velours est coûteuse, peu d’artisans veloutiers maîtrisent ce savoir-faire et la lenteur du tissage ainsi que le coût de la matière première achèvent d’en faire une étoffe rare et luxueuse de la fin du Moyen-Âge à la Renaissance.
Quand velours rimait avec le rouge et l’aristocratie
Pour leur mariage en 1502, le duc de Ferrare et Lucrèce Borgia se voient offrir deux manteaux rouge cramoisi bordés de fourrure par les ambassadeurs de Venise. Suite à cela, le velours partagera avec la couleur rouge la réputation de luxe aristocratique et porter du velours « rouge cramoisi » -qui sous-entend plutôt excellente qualité que son sens littéral- sera l’apanage des puissants, en témoignent les capes portées par Napoléon Bonaparte et Joséphine de Beauharnais lors du sacre de l’empereur.
À cette époque, les techniques de fabrication ne permettent pas d’obtenir facilement une grande surface de couleur réellement unie, le fait de s’afficher avec une tenue unie était donc valorisant socialement. Son aspect brillant et son moelleux aident également à maintenir sa réputation de matière noble, signe de raffinement. Le velours finira par se démocratiser au XIXe siècle, habillant les ouvriers avec le traditionnel pantalon large en velours de coton ou de laine côtelé.
Car on l’aurait presque oublié, chaleur et robustesse sont d’autres de ses nombreuses qualités. Cependant, il restera l’adoré des plus grands créateurs de haute couture, se retrouvant sur des robes du soir Christian Dior dans les années 50 ou encore sur des manteaux au potentiel dramatique inégalable signés Cristobal Balenciaga. Aujourd’hui encore, il va et vient au fil des tendances sur les podiums les plus prestigieux.