Alphadi : « Comment j’ai rencontré Madonna »
A la faveur d’une rencontre fortuite au Maroc il y a quelques jours, le créateur nigérien, Seidnaly Sidhamed, a accepté de se livrer à votre site tendancespeoplemag.com… Affable, « le magicien du désert », comme on l’appelle, a livré des détails de son contact avec la super star américaine. Il en a profité pour annoncer les couleurs de la 11ème édition du Festival international de la mode en Afrique (Fima) qui se tient du 21 au 24 novembre 2018 à Dakhla, dans le désert marocain. Confidences…
Vous avez conçu et réalisé la robe portée par la chanteuse Madonna pour ses 60 ans célébrés à Marrakech au Maroc il y a quelques mois. Comment s’est effectué le contact, puis la rencontre ?
Madonna me cherchait depuis longtemps. Son agent m’a contacté, j’ai amené une dizaine de robes pour elle, et elle a choisi la robe jaune que j’adore tant. Elle l’a portée pour ses 60 ans. C’est un hommage rendu non seulement au Maroc, au continent africain, mais aussi à la femme africaine. C’est très important de le dire, Madonna est une grande dame. Elle ne porte pas souvent l’Afrique mais aujourd’hui elle a compris que l’Afrique fait partie du monde et que nous aussi, on crée et que nos créations peuvent s’imposer à la face du monde. Si nous nourrissons nos enfants, nos travailleurs, l’Afrique est aussi grandie par rapport à ça. C’est une femme de cœur. Le contact s’est très bien passé. Elle a même demandé à venir carrément dans nos pays. Ça c’est très important. D’ailleurs, Madonna vit avec un ivoirien. Il faut le savoir. Madonna est très africaine. Elle aime ce continent et maintenant qu’on l’habille, c’est magique.
Après une telle reconnaissance, qu’est-ce qu’on peut attendre de plus, quand on s’appelle Alphadi et qu’on a conquis le monde de la mode ?
Habiller la jeunesse. Habiller la femme et l’homme de la rue. Je suis humble dans ce que je suis. Je suis très sociable et, je m’occupe aujourd’hui de l’éducation de nos enfants. Je suis en train de construire la première université de la mode et des arts à Niamey [Niger, Ndlr]. Cette ville est quand même là où j’ai commencé. C’est ma ville, c’est mon pays. Aujourd’hui, le Maroc a accepté d’abriter le Festival international de la mode en Afrique pour sa 11ème édition. C’est une amitié entre le Maroc et le Niger. Sa Majesté le roi Mohammed VI a été complètement ému. Et nous sommes aussi émus qu’il ait donné son accord pour que ce festival se déroule à Dakhla, dans le désert marocain.
Pourquoi Dakhla ?
Pour que le festival se déroule dans le désert, en plein air. J’ai choisi cette ville parce qu’elle est sublime, magnifique. J’invite d’ailleurs toute la presse africaine à venir voir cette beauté. La ville de Dakhla est encore plus belle que Dubaï, entre la mer et le désert. Nous voulons que la création africaine et l’image du continent africain soient au top aujourd’hui. Nous voulons que les créateurs africains vivent de leur art. Mais, il est surtout important aujourd’hui que nos enfants, candidats à l’émigration, restent développer leurs pays. Nous devons également changer les préjugés sur les créateurs, dont on considère qu’ils font un travail de femme. Nous souhaitons donner de la dignité à ces jeunes qui aspirent à ce métier, d’où l’intérêt de les éduquer. Le but est d’amener l’Afrique à sa dimension de création économique. Plus les enfants gagnent de l’argent, plus ils investissent chez eux.
Où en sont les préparatifs du FIMA, à quelques jours de l’ouverture ?
On est quasiment prêt. Nous construisons les plus grandes tentes du monde en ce moment. Chaque soir, nous recevrons environ 4000 personnes sous ces tentes. Nous sommes en train de préparer quatre nuits féériques. La première est consacrée à la musique avec des groupes comme Magic system, etc. La deuxième nuit est dédiée à la jeunesse à travers le concours des top model [25 candidates, Ndlr] et celui des 12 jeunes stylistes sélectionnés [plus de 150 candidats de 42 pays ont postulé, Ndlr], pour choisir les meilleurs de demain. Cette année, il y aura également le concours de bijouterie et de maroquinerie pour donner une visibilité à l’art et à l’artisanat. On aura une nuit pour le défilé panafricain. 22 pays vont y participer. La dernière nuit est consacrée aux cinq continents. Même si des créateurs chinois, japonais, etc ont été invités, la majorité est africaine. A côté de ces activités, on aura des colloques, des conférences, etc. La particularité c’est que le Fima va offrir la possibilité aux jeunes créateurs et autres artisans à rencontrer des banques qui seront présentes, afin de discuter sur les modalités de financement de leurs projets.