Festival des Masques :le Benin fait une plongée inédite dans l’épistémologie d’Ifá Orúnmìlà
C’est un retour attendu qui a animé les rues et les esprits de la capitale béninoise : la deuxième édition du Festival des Masques a été officiellement lancée ce vendredi 2 août à Porto-Novo, renouant avec la ferveur populaire et intellectuelle qui avait marqué sa première édition en août 2024. L’événement, qui avait alors attiré plus de 40 000 participants, entend cette année encore repousser les limites de la valorisation culturelle et spirituelle du Bénin.
Mais cette nouvelle édition va bien au-delà de la simple célébration populaire. Avec pour thème « Ifá Orúnmìlà : Introduction à une épistémologie », le festival explore cette année les fondements intellectuels et scientifiques du système divinatoire Ifá, pilier de la tradition yoruba, que l’on retrouve sous le nom de Fâ dans le Sud du Bénin. Une manière audacieuse d’allier patrimoine immatériel et rigueur académique, en croisant les savoirs des praticiens avec les analyses des chercheurs.
Orúnmìlà, figure majeure du panthéon yoruba, est considéré comme la divinité de la sagesse, de la connaissance et de la divination. Son système, Ifá, repose sur des méthodes complexes de consultation symbolique et codifiée du monde, fondées sur l’observation, la mémoire orale, l’analogie et la méditation du réel. Une richesse intellectuelle que les organisateurs ont souhaité faire reconnaître comme un véritable système de pensée, au-delà des stéréotypes religieux ou folkloriques.
« Ifá, dans son essence, est une épistémologie complète, rigoureuse, structurée, fondée sur l’observation du réel, la transmission orale codifiée, l’usage du symbole, l’analogie et le dialogue entre les sphères du visible et de l’invisible », a souligné le ministre de la Culture, Jean-Michel Abimbola, lors de la cérémonie d’ouverture. « Il mérite d’être exploré non comme une croyance figée, mais comme un système de pensée capable d’interroger, d’analyser et de répondre aux problématiques contemporaines. »

En plus du colloque, les festivités s’étendent à travers grandes processions masquées, concerts, expositions et performances artistiques, mêlant le sacré et le spectaculaire. Le masque, vecteur d’identité culturelle et d’expression spirituelle, demeure le symbole central de cette célébration, rassemblant les peuples et les communautés autour de pratiques vivantes.
Par cette double approche, festive et intellectuelle, le Festival des Masques du Bénin affirme sa volonté de devenir un rendez-vous incontournable de la scène culturelle africaine, à la fois populaire, scientifique et profondément enraciné. Il s’impose également comme un espace de réappropriation des savoirs endogènes, à l’heure où les cultures africaines revendiquent avec force leur légitimité dans les débats mondiaux sur la connaissance, la spiritualité et la modernité.
La deuxième édition est lancée : entre masques, mythes et pensée critique, le Bénin célèbre son identité plurielle, tournée vers l’avenir.







