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Le boubou Dan, un habit pas comme les autres

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Le Gbahoueu ou boubou traditionnel Dan est un symbole sacré de la tradition du peuple Yacouba. Ce vêtement est l’expression authentique et parfaite des us et coutumes dans l’Ouest montagneux de la Côte d’Ivoire. Découverte.

Compagnon depuis des temps immémoriaux des ancêtres Dan, du peuple yacouba, originaire de l’Ouest montagneux, le Gbahoueu ou boubou yacouba se portait spécifiquement à l’occasion des rituels sociaux-culturels de portée initiatique ou populaire. De confection purement locale, la tradition du textile tissé  dans l’ancien temps a servi de vêtement mais aussi de monnaie. Il est aussi porteur de messages et un objet esthétique.  En effet, le Gbahoueu de fabrication locale a constitué pendant longtemps, une denrée suffisamment rare et précieuse pour les membres des classes nobles des différents cantons de la région ouest. Ainsi, le cumul des tissus est resté pendant plusieurs décennies une marque de richesse et de pouvoir pour bon nombre de familles.

De toute évidence, vu son importance dans le quotidien des classes dites sociales, le Gbahoueu et sa fabrication vestimentaire pour chaque famille se mesure aussi bien à la propension à disposer des biens et à en constituer des réserves de dons de choix, en cas de résolution de conflits et d’évacuation des tensions cantonales ou ethniques. Le boubou yacouba intervenait dans les temps anciens  lors d’évènements importants dans la vie. Qui plus est,  l’acquisition d’un statut, d’une charge sociale ou religieuse, le paiement de services ne peuvent avoir lieu sans
distribution, voire sans offrande indiquée de Gbahoueu. De même chacun, pour entretenir de bonnes relations avec les membres de sa famille, ses amis, ses voisins et même pour être admis à un culte, est amené à donner des pièces de Gbahoueu, et à en recevoir en contrepartie. La possession d’une grande quantité d’étoffes accroit le prestige de son propriétaire et lui confère un pouvoir qui peut intervenir à tout moment dans le réseau d’échanges communautaires où le principe de la dette est à la base de toute relation sociale et économique. Les gros boubous traditionnels yacouba, ou le « Gbahoueu » en langue locale, se subdivisent en trois grands types; chacun avec une indication du rang social de la personne qui le porte.

Le « Faké-hi »: C’est l’habit royal. Il est constitué d’un boubou à manches bouffantes et d’une grosse culotte traditionnelle. Avec le Faké-hi, le port d’un bonnet traditionnel le « Gblo-Fan’’ est obligatoire. Il est grand et lourd et est porté par des personnes très âgées : chefs de villages, de canton et gardiens de cases sacrées. La confection du Faké-hi se fait à la main et peut durer un an. Le « Sota-Béhi » : Il est très petit. C’est une sorte de gilet. Et sert généralement de sous-corps aux chefs de terre, de guerre et de famille qui assistent à d’importantes cérémonies traditionnelles. Le ‘‘Sota-Béhi’’, qui se trouve à l’intérieur du Faké-hi, peut être un élément décoratif. Mais généralement, il joue le rôle d’anti-balle et/ou d’anti-fétiche. Le « Gandoura » : C’est un autre genre de grand boubou traditionnel yacouba dérivé de la grande famille du Faké-hi et du Sota-Béhi dans leur expression la plus simple. Ce sont de longues bandes de cotonnade qui laissent entrevoir les flancs du porteur. Il est par excellence la tenue de détente en pays toura et yacouba. De nos jours, il s’impose et conserve encore, qu’à cela ne tienne, toute son importance historique sauf qu’en certaines occasions solennelles ou officielles, l’esprit et la lettre du port ou de quelque utilisation de ce digne ambassadeur de la tradition Dan se gauchissent davantage.

Un habit pas comme les autres

Toutefois, il importe qu’on s’attarde sur les notions de la symbolique, de la notion de la gestuelle et des circonstances particulières dans lesquelles s’invite le port du boubou yacouba ou  dan à contrario de ses utilisations galvaudées et acculturées de plus en plus visibles de nos jours. En effet, le Gbahoueu est un symbole sacré de la tradition dan ou yacouba.  Pris sous cet angle, il est l’expression authentique et parfaite des us et coutumes et en imprime non seulement la marque de fabrique de la rigueur, de toute l’abnégation, de toute la solennité des mots et des paraboles qui s’imposent au porteur du Gbahoueu. C’est fort de ce postulat que le sage gardien des temples a pu dire: « Quels que fabuleux  que soient les motifs de ton Gbahoueu, parle en public outre le siège que tu occupes que je puisse deviner ta classe sociale ». A n’en point douter, cette rigueur, et toutes formules d’expressions circonstancielles exigent du porteur du boubou Dan une kyrielle de gestes très évocateurs de la chaîne de préséance ou de la chaine de
commandement social dont son porteur est l’émanation familiale. A preuve en des cérémonies traditionnelles ou officielles et quelle qu’en soit son importance, cet habit à lui seul renseigne, parle aux
personnes, de même que l’ensemble des gestes de son porteur renvoie à des signifiés sociaux culturels. Du coup, nous sommes en droit de dire que le Gbahoueu n’est pas un habit comme les autres, vue son importance sociale chez le peuple dan. Il n’est pas seulement monnaie ou vêtement, il forme aussi par les modiques décorations qui l’ornent, une sorte de texte où peut être exprimée l’identité sociale et mystique de celui qui en est le porteur. Certes, il est à noter que son attrait sur les populations en a fait une activité commerciale et constitue un maillon important dans l’activité économique dans la région aux mains des Malinké. Avec elle, la longue tradition textile innove avec la
variété des matériaux mise en synergie avec des styles importés. Ces riches étoffes ainsi confectionnées servent à habiller les populations des grandes villes d’ici et d’ailleurs,  donnant ainsi un relief aux aspects commercial et historique. Toute chose qui consacre la politique de développement artisanal de plus en plus encouragé par l’UEMOA.

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